"Mamie Charge"de Calais

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Brigitte, 69 ans, est retraitée depuis sept ans. Il y a vingt ans, des réfugiés sonnent chez elle pour demander de l'eau. Depuis, celle que l'on surnomme aujourd'hui "Mamie charge" leur ouvre trois fois par jour son garage pour recharger leurs téléphones, manger et se réchauffer un peu.

Brigitte Lips grandit dans un quartier rural proche de Calais. Adolescente, elle habite une grande maison avec sa mère, où elles accueillent des pensionnaires. "On avait sept chambres et on pouvait accueillir entre quinze et vingt personnes qui mangeaient à notre table."

Cet esprit chaleureux et généreux, affirmé par son engagement au Secours Catholique, ne la quittera jamais. "Je faisais la soupe dans la journée, et le soir quand j'étais libre, j'allais porter la marmite."

"On a toujours vécu ça, le partage."

Habitant à proximité de la jungle de Calais, c'est donc tout naturellement qu'après avoir offert de l'eau aux réfugiés en demande pendant plusieurs mois, elle leur ouvre sa maison pour leur permettre de charger leurs téléphones. "Donc de bouche-à-oreille, c'est moi qui me suis retrouvée avec toute cette charge. C'est eux qui m'ont appelé Mamie Charge. Ce n'est pas moi qui me suis appelée comme ça."

Elle continue son œuvre avec l'aide de son mari, sert des boissons chaudes, crée un lien de confiance avec les gens, prépare à manger avec ses achats et autres dons souvent anonymes. "Il y a des gens qui viennent m'apporter des choses, mais ils veulent pas que leurs familles sachent parce qu'elles sont contre les réfugiés."

"La voisine a fait construire un mur [...] pour ne plus voir les réfugiés venir chez moi."

Quelques voisins désapprouvent l'initiative de Brigitte et certains représentants de l'ordre font preuve d'une attitude violente. "On les embarque dans le camion de CRS, on fait dix, quinze kilomètres, on enlève les chaussures et on les laisse dans la nature."

Cependant, Mamie Charge ne baisse pas les bras et propose toujours plus de services : de la nourriture, les places pour les chargeurs... et n'hésite pas à tout payer de sa poche. "On a une vie différente. Il y a certaines choses, ce n'est pas qu'on se prive, c'est qu'on achète différemment. On ne va pas acheter ça parce que si on achète ça, on ne peut pas acheter pour les gars."

"La relation que j'ai avec ces gars-là ? Une relation de douceur."

Brigitte offre un lieu de repos sans équivalent, permettant à des centaines de personnes d'entretenir des rapports humains. "Chez moi, il y a pas la police, il y a pas le camp, il y a pas le brouhaha, tu viens, tu t'assois, tu te poses."

Merci à Brigitte Lips, Pierre Lips et François-Xavier Deveaux.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/mamie-charge-de-calais-4045613

Pour aller plus loin : À voir : Le 19/10/2024 : VIDÉO - Elle ouvre son garage aux migrants depuis plus de 20 ans  ; à lire : Brigitte Lips, alias Mamie Charge, publie un livreMamie charge, Une vie au service des migrants", de Brigitte Lips avec Anne-François de Taillandier, publié aux Editions Salvator, septembre 2024

"Mamie Charge"de Calais
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