Retraitée active au sein d’associations, Colette Blanchet s’occupe notamment de l’épicerie sociale d’Ussel accueil solidarité.- Corrèze Auvergne
Quand Colette Blanchet, Usselloise d’origine et de cœur, parle de son département, elle parle en haute Corrézienne car, pour elle, la Corrèze a véritablement trois entités bien différentes avec les pays de Brive, de Tulle et d’Ussel. Ces différences font cependant la richesse du département qui mériterait, selon elle, de retenir ses jeunes et d’en attirer de nouveaux. - interview de Christine Mouttepour La Montagne
« Un département avec trois entités »
- Pourquoi êtes-vous revenue ici après vos études ?
J'ai quitté la Corrèze pendant quatre ans pour suivre mes études à Montpellier. Je suis revenue parce que j'avais un compagnon qui m'y attendait, et surtout parce que c'est mon département. Il n'y a pas la mer mais c'est chez moi !
- A vos yeux, quel est le principal atout de la Corrèze ?
Le département offre une vie saine et des paysages extraordinaires. Il est également très calme… parfois un peu trop.
- A l'inverse, quelle est sa principale faiblesse ?
Il manque de dynamisme, d'infrastructures et surtout d'emplois pour maintenir et attirer la population. Une autre faiblesse, qui pénalise plus l'arrondissement d'Ussel, est l'existence d'un déséquilibre entre la haute et la basse Corrèze : tout est tiré vers le bas, tout part à Brive !
- Quels sont les leviers que la Corrèze doit activer pour son développement ?
La Corrèze doit trouver des solutions pour garder ses jeunes et accueillir des familles en créant des emplois et en maintenant des structures dans les villes et les villages. Je pense également que son développement doit passer par un renforcement des transports en commun, notamment du trafic ferroviaire. Le département est désenclavé grâce aux autoroutes, mais il reste isolé. Accéder plus rapidement à la Corrèze, se déplacer plus vite rendrait le territoire plus attractif pour les entreprises, la population active…
- Quelle est la meilleure chose qui soit arrivée à la Corrèze ses dernières années ?
Le fait d'être mieux située géographiquement, par quelques ignorants, en raison de la médiatisation de nos politiques locaux : en 1968, à Montpellier, personne ne connaissait la Corrèze. La meilleure chose reste cependant la traversée du département par l'autoroute A89, qui est utile à l'économie locale et, « nous dit-on », - Les Corréziens sont-ils accueillants ?
On les dit souvent froids, mais je ne pense pas que ce soit vrai. Beaucoup de communes font des efforts pour les nouveaux arrivants. Et les nombreuses associations qui existent sur le territoire peuvent permettre aux nouveaux habitants de s'intégrer : on trouve la chaleur humaine parmi les bénévoles.
- Quel est le cliché dont est affublée la Corrèze qui vous énerve le plus ?
Si j'assume la ruralité de mon département, ça m'énerve qu'on le limite à son côté rural en le renvoyant à un trou perdu et à des gens rustres. Mais les Corréziens ont aussi leur cliché : comme les Brivistes qui nous demandent toujours, même au printemps, si nous avons de la neige à Ussel. Enfin, un dernier cliché énervant : « La Corrèze, c'est la chiraquie ».
- Que manque-t-il le plus au département ?
Je l'aime comme il est mais je le souhaiterais plus dynamique : ce qui manque le plus est forcément un niveau d'emplois plus élevé, surtout en haute Corrèze. Nous avons un département avec trois entités (basse moyenne et haute corrèze) si différentes qu'il est difficile de s'exprimer sur le département. « Il ne manque que la mer »
- Où allez-vous faire vos courses ?
Je fais mes courses à Ussel, dans les commerces, dans les grandes surfaces… où je trouve tout ce dont j'ai besoin. Je ne me déplace que ponctuellement pour des achats bien spécifiques (grossistes d'emballages pour professionnels par exemple) ou à Brive et à Tulle pour des consultations médicales non présentes sur Ussel. Je pense qu'il faut défendre le commerce local qui, avec l'artisanat, fait la vie d'une ville, son dynamisme…
- Qu'est-ce qui vous agace le plus ici ?
Je regrette le manque de possibilités, d'ouverture pour les jeunes sur le département qui reste très âgé. Beaucoup de jeunes partent et des gens reviennent une fois qu'ils sont à la retraite. Si les personnes retraitées sont souvent dynamiques et font notamment vivre de nombreuses associations, on assiste à un vieillissement de la population et à un non-renouvellement par les jeunes. Les retraités sont encore actifs et consommateurs, mais ils ne sont pas l'avenir du département.
- Comment voyez-vous la Corrèze en 2030 et au-delà ?
Je ne sais pas si je la vois mais je l'espère en évolution, brillante, plus connue, plus recherchée pour ses atouts. Pour une Corrèze plus active, j'espère que les domaines comme l'éducation, la formation professionnelle, la santé en ouvrant les possibilités de soins… seront développés. Et que les zones artisanales commerciales et industrielles aménagées ces dernières années soient complètes en 2030.
- Vous sentez-vous Limousine ?
Quand j'étais lycéenne à Ussel, je me sentais Auvergnate, puisque le lycée était rattaché à l'académie de Clermont-Ferrand. Désormais, même si je suis Corrézienne avant tout, je me sens Limousine. On sait que le Conseil régional aide financièrement le département. Le fait d'être dans une région de la taille du Limousin me convient : ainsi, les trois départements ont leur place.
- Si vous ne viviez pas en Corrèze, où aimeriez-vous vivre ?
Peut-être au bord de la mer, car il n'y a que ça qui manque ici, puisqu'on a les montagnes, la campagne, les bois… Mais c'est bien que la mer se limite aux vacances. Je dirais plutôt le Pays basque, parce que mes enfants y vivent.
Christine Moutte
christine.moutte@centrefrance.com
La Montagne du 28/12/11