L'illectronisme chez les seniors : un défi du quotidien

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

À l’heure où tout se digitalise, certains seniors se retrouvent en difficulté face aux nouvelles technologies. Entre démarches administratives en ligne et prises de rendez-vous médicaux sur internet, l’adaptation peut s’avérer compliquée...

Aujourd’hui, en 2025, tout ou presque passe par internet : payer ses factures, réserver un billet de train, ou encore consulter son dossier médical. Si ces outils facilitent la vie, encore faut-il savoir les utiliser ! Et c’est là que l’illectronisme entre en jeu.
L’illectronisme, c’est un peu comme l’illettrisme, mais dans le monde numérique. "On a un outil entre les mains, mais on a du mal à l’utiliser", explique Jean-Marie Portal, rédacteur en chef de 01net. Cela se traduit par "la difficulté d’utiliser le matériel avec des gestes pas toujours intuitifs" et une véritable appréhension : "cette angoisse de faire une bêtise, des difficultés à installer des logiciels, à créer une adresse mail… Or l’adresse mail est le point d’entrée sur tout."

Si 8 seniors sur 10 de plus de 65 ans utilisent internet en moyenne 2 heures par jour, la fracture numérique se creuse après 75 ans. "Pour les jeunes seniors entre 65 et 75 ans, l’adaptation au numérique a pu se faire au travail", souligne Jean-Marie Portal. En revanche, "pour les personnes de plus de 75 ans, c’est là que la fracture numérique se fait. Souvent, ces gens-là n’ont pas été exposés au numérique durant leur parcours professionnel."

Pour aller plus loin, retrouvez les témoignages et conseils de notre invité Jean-Marie Portal dans notre podcast !

France Bleu, 25 mars 2025

https://www.francebleu.fr/emissions/bienvenue-chez-vous-les-experts-ici-paris-ile-de-france/l-illectronisme-chez-les-seniors-un-defi-du-quotidien-5907860

Illectronisme chez les seniors : état des lieux ! ; En quête INSEE

Même si une petite partie des jeunes ne sont pas à l'aise pour utiliser Internet ou ne disposent pas des compétences numériques de base, ce sont les seniors qui sont exclus du numérique majoritairement : les personnes les plus âgées sont davantage touchées par l'illectronisme comme l'indique l'Insee.

Être en situation d'illectronisme selon l'organisme de statistiques publiques se caractérise en effet par ces deux composantes :

- ne pas avoir utilisé Internet dans les 3 derniers mois qui précédent l'enquête de l'Insee, c'est-à-dire un non-usage d'Internet prolongé souvent dû à l'inexistence d'équipement à domicile pour accéder au web mais aussi au fait qu'une personne ne sait pas se servir d'Internet,

- l'absence de compétences numériques de base des internautes, soit les personnes ayant utilisé Internet dans les trois derniers mois, qui se traduit par le fait par exemple de ne pas faire de recherches sur Internet, de ne pas envoyer de courriels, de ne pas se servir de logiciels, de ne pas accéder à sa banque en ligne, etc.

C'est sur la base de ces 2 critères, qui ont certainement un lien, que l'organisme définit ensuite d'une manière générale l'illectronisme.

Plus précisément, l'Insee donne cette définition de l'illectronisme : "situation d'une personne ne possédant pas les compétences numériques de base (rechercher des informations en ligne, communiquer en ligne, utiliser des logiciels, protéger sa vie privée, résoudre des problèmes en ligne) ou ne se servant pas d'Internet (incapacité ou impossibilité matérielle de l'utiliser dans les trois derniers mois)".

Si 15 % de la population de 15 ans et plus est concernée par l'illectronisme selon l'Insee, soit plus de 8 millions de personnes, cette proportion est bien plus élevée chez les seniors : 24 % des 60-74 ans et 62 % des 75 ans et plus sont en effet en situation d'illectronisme, notamment pour les plus âgés car 59 % d'entre eux ne se servent pas d'Internet.

Si l'on considère le risque d'être en situation d'illectronisme, les seniors sont aussi davantage touchés que les plus jeunes. Un constat qui est en particulier vrai pour les 75 ans et plus. Ces derniers ont ainsi une probabilité 14,7 fois plus élevée d’être en situation d’illectronisme que les personnes âgées de 15 à 24 ans, alors que ce risque n'est que de 3,5 pour les seniors de 60-74 ans.

L'ancienne catégorie socioprofessionnelle des seniors retraités entre aussi en compte en matière d'illectronisme. Si d'une manière générale, un peu plus d'1 retraité sur 3 ne maitrise pas les outils numériques, 53 % de ceux qui étaient ouvriers pendant leur vie active, 51 % des anciens agriculteurs, artisans et commerçants, ou encore 38 % des anciens employés sont en situation d'illectronisme, contre seulement 10 % des anciens cadres et professions libérales.

Parmi les personnes âgées de 60 ans ou plus, l'Insee dessine ainsi les contours du portrait des seniors concernés par l'illectronisme :

- un peu plus de femmes (38 %) que d'hommes (35 %) ;

- la grande majorité (61 %) ne dispose d'aucun diplôme ou au maximum le certificat d'études primaires (CEP) ;

- plus de la moitié (58 %) font partie des 20 % les plus modestes alors que seulement 7 % des 20 % les plus aisés sont en situation d'illectronisme.

Il faut ajouter également que d'une manière générale, c'est-à-dire pour l'ensemble de la population victime d'illectronisme et non pas seulement les seniors, les personnes qui habitent dans les départements d'outre-mer sont davantage touchées : 20 % contre 15 % en France métropolitaine.

L'illectronisme chez les seniors : un défi du quotidien
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