Avec « La Chambre d’à côté », Pedro Almodóvar se prononce à son tour sur le débat sur la fin de vie

Publié le 8 février 2025 par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Le nouveau film du cinéaste espagnol avec Tilda Swinton livre un point de vue rare au cinéma sur la fin de vie, entre autres grâce au personnage de Julianne Moore.

Une sublime maison de location isolée, deux vieilles amies et une demande un tantinet spéciale… Ce mercredi 8 janvier, Pedro Almodóvar revient au cinéma avec la dose de mystère qu’on lui connaît, à l’occasion de la sortie dans les salles françaises de son nouveau drame, La Chambre d’à côté.

Martha est dépitée. À quoi bon continuer le traitement ? Ingrid n’est pas de cet avis. Et s’il lui restait une chance ? Les jours passent, et rien n’y fait. De retour chez elle, Martha convoque sa grande copine pour lui faire part de son idée. Elle a décidé de mettre un terme à sa vie. Et tout est planifié.

Elle a déjà dégoté la pilule mortelle sur le dark web et réservé la demeure de ses rêves, où elle pourra s’endormir pour de bon. Seule une inconnue reste à résoudre. Qui pour l’accompagner ? Hors de question de partir seule. C’est trop difficile. Et puis au fond, ce séjour en forêt tout frais payé pourrait bien s’avérer reposant pour tout le monde. De quoi convaincre Ingrid d’emménager dans la chambre d’amie ?

Derrière ce pitch intriguant se cache un film d’une rare beauté, et un débat de société très actuel : la fin de vie. Un thème vaste, souvent au cœur de l’actualité en France (et ailleurs) sous les expressions de suicide assisté, aide active à mourir, assistance au suicide… La Chambre d’à côté n’y va pas par quatre chemins. Le long-métrage tranche en faveur de la liberté de chacun à décider de sa propre mort.

Pedro Almodóvar et la mort

Comme le personnage de Julianne Moore, lui est terrifié par la mort. Il ne l’accepte pas, ne la comprend pas, comme il l’a confié à la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn dans un face-à-face pour Variety. C’est pour ça qu’il croit aussi dur comme fer qu’une fois que le corps s’en va, l’esprit glisse ailleurs. « Je ne pense pas que les gens s’éteignent avec la mort », témoigne-t-il.

Athée dans l’âme, Pedro Almodóvar est persuadé qu’il existe une alternative à l’au-delà. L’idée s’est immiscée dans son dernier film. Pas de façon littérale ni paranormale, Martha se réincarne dans son amie Ingrid, explique-t-il, toujours chez France Inter.

Cela se retrouve dans « cette amitié renouée par les deux femmes, sublimée par une émotion similaire à l’amour, mais sans les inconvénients de l’amour, au cours des semaines pendant lesquelles elles partagent la maison dans la forêt. » Un lieu qui d’après le réalisateur « rappelle les limbes, situé à la frontière entre l’existence réelle et l’au-delà », souffle-t-il au sujet de son film, le premier en langue anglaise. Pour mieux toucher le plus grand nombre ?