Âgisme dans l'industrie audiovisuelle
On parle souvent de l’hashtag#âgisme dans l’industrie audiovisuelle et depuis le début de mon enquête, je me demande où il se niche concrètement.
Pour comprendre une organisation, un secteur, une industrie, je trouve que c’est toujours une bonne idée de « suivre l’argent », cela permet de comprendre ce qui sous-tend les décisions.
Bien sûr que la fiction est là pour faire rêver et que certains estiment que raconter des histoires de personnes âgées ne peut pas faire rêver… Mais en réalité, au-delà de cette croyance, même quand des auteurs décident de raconter ces histoires, le plus dur n’est pas fait, il reste encore des obstacles financiers liés à l’âge (dont les assurances).
En bref, pour raconter des histoires de vieux, il faut être sacrément audacieux !
FIGUREZ-VOUS... que pour les producteurs de séries audiovisuelles, ça coute cher d'embaucher les plus de 75 ans.
ENQUETE SUR L’AGISME EN PARTENARIAT AVECLE HAUT CONSEIL DE L’ÂGE (HCA) : Marion Cerdan a interrogé la construction des représentations du côté de la production, à partir d'une observation participante lors de l’écriture de la série, en qualité de "conseillère grand âge". Elle a complété cette enquête ethnographique par des entretiens avec le producteur et la créatrice, dans le but d'identifier les contingences qui seraient spécifiques à l'âge des personnages.
L'analyse de ce matériau révèle notamment les contraintes qu'ont imposées les contrats d'assurance. Sur un tournage, ce sont les postes considérés comme clés qui sont assurés, ceux sans qui le tournage est mis en péril : réalisateur, chef opérateur, premier assistant réalisateur et comédiens principaux. Or, pour ces derniers « … au-delà de 75 ans, les assurances ne couvrent plus », à moins de payer une prime inabordable pour les productions comme Septième Ciel. Alors, quelles qu'aient été les intentions des auteurs et autrices du scénario, la série montre des résidents d'établissement ayant moins de 75 ans, quand l'âge moyen des résidents se situe en réalité autour de 86 ans, soit un peu plus de 10 ans d’écart.
Ainsi, en décourageant les producteurs, et les auteurs de façon plus large, d'embaucher des acteurs et actrices "trop âgés", l'industrie audiovisuelle induit un décalage dans la représentation fictionnelle de la vieillesse. Ce faisant, les séries contribuent à invisibiliser la variété des situations des plus de 75 ans, quand bien même elles seraient l'objet de la série.
https://retraites.unsa.org/enquete-sur-l-agisme-en-partenariat-avec-le-haut-conseil-de-l-age-hca
Manon Cerdan, doctorante en sciences de l’information et de la communication, s’intéresse aux représentations de la vieillesse dans la fiction audiovisuelle, tant du côté de la production que de celui du public. Sa recherche s’appuie sur la série Septième Ciel*, qui raconte l'aventure amoureuse de deux résidents d'un établissement d'hébergement pour personnes âgées, ainsi que les obstacles et difficultés qui entravent leur vie affective et sexuelle. Université Paris-Panthéon-Assas
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- voir dans : des aides-soignantes. Gérontologie et société, 46173(1), 147‑163. https://doi.org/10.3917/gs1.173.0147