Michelle Perrot récompensée par e Prix de la BnF 2025
La Bibliothèque nationale de France a décerné son prix annuel à l’historienne et écrivaine Michelle Perrot. Cette distinction, qui récompense l’ensemble de l’œuvre d’un auteur vivant contribuant au rayonnement culturel et scientifique de la France, sera remise lors du dîner du Cercle des mécènes de la BnF organisé le lundi 22 septembre 2025 dans la prestigieuse salle Ovale du site Richelieu.
Historienne de la France contemporaine, enseignante universitaire engagée dans de nombreux combats contemporains, Michelle Perrot est l’auteure mondialement reconnue d’une œuvre pionnière en histoire sociale et culturelle. Spécialiste d’histoire du mouvement ouvrier et des marginalités (de la délinquance à la détention), elle a été au principe de l’histoire des femmes et du genre en France.
Les apports de Michelle Perrot au renouvellement des méthodes et de l’écriture de l’histoire sont innombrables tout comme sa volonté de faire partager à un plus large public les enjeux et les apports de l’historiographie comme en témoignent ses nombreuses interventions dans la sphère publique.
De ses premiers travaux sur le mouvement ouvrier auprès de son maître Ernest Labrousse, puis sur l’univers de l’intime et de la vie privée, en passant par la monumentale Histoire des femmes en Occident qu’elle a dirigée avec Georges Duby, Michelle Perrot a donné à voir celles et ceux qu’on ne voyait pas, mettant en lumière ces vies ordinaires qui façonnent l’histoire du quotidien et la mémoire collective.
En lui décernant le Prix de la BnF, le jury consacre l’œuvre et la personnalité d’une historienne et écrivaine qui a su triompher des « silences de l’histoire ». Au cœur de cette lutte, se trouve la vocation patrimoniale et scientifique de la Bibliothèque nationale de France que Michelle Perrot connaît si bien.
Gilles Pécout, président de la BnF et lui-même historien : « La Bibliothèque nationale de France, à travers son prix, a souhaité honorer la trajectoire exceptionnelle de l’une des plus grandes spécialistes d’histoire sociale de la France contemporaine, professeur et citoyenne engagée et historienne soucieuse de son écriture qui sut et sait faire de l’histoire des ouvriers, des femmes et des “oubliés”, un sujet à la fois scientifique et public. »
Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF : « Le Prix de la BnF récompense légitimement une grande historienne des femmes, des prisons et du mouvement ouvrier. » Les lauréats du Prix de la BnF depuis sa création : Philippe Sollers (2009), Pierre Guyotat (2010), Patrick Modiano (2011), Milan Kundera (2012), Yves Bonnefoy (2013), Mona Ozouf (2014), Michel Houellebecq (2015), Jean Echenoz (2016), Paul Veyne (2017), Emmanuel Carrère (2018), Virginie Despentes (2019), Hélène Cixous (2021), Pierre Michon (2022), Pascal Quignard (2023), Raymond Depardon (2024)
- Michelle Perrot : « L’histoire s’adosse à l’oubli, à l’ombre immense qui recouvre à peu près toute chose, dès que le soleil décline, que la vie se retire, que les yeux se ferment. L’historien passe son temps à les dissiper pour tenter de retrouver les lignes des paysages engloutis. Largement spontané, lié à l’absence de traces ou à leur effacement normal, l’oubli peut être aussi le produit d’une mise à l’écart, voire le résultat d’un acte délibéré, d’une volonté de dissimuler et même de détruire tout vestige (...) Que se passe-t-il derrière les murs des prisons ? » : In Michelle Perrot, Les Ombres de l’Histoire. Crime et châtiment au XIXe siècle, Flammarion, collection Champs/Histoire, 2001, p.9
Le Prix de la BnF
Le Prix de la BnF couronne l’ensemble de l’œuvre d’un auteur vivant de langue française. Doté d’un montant de 10 000 euros grâce à Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF et initiateur de ce prix, il est décerné depuis 2009.
Biographie de Michelle Perrot
Michelle Perrot, née Michelle Roux en 1928, est professeur émérite d’histoire à l’université Paris-Diderot. Étudiante à la Sorbonne à partir de 1947, elle rédige son diplôme d’études supérieures (DES) sur « Les coalitions ouvrières de la Monarchie de Juillet ». Après l’agrégation, elle est nommée professeur en lycée. En 1971, elle soutient sa thèse sur « Les ouvriers en grève (1871-1890) », toujours sous la direction de son maître Ernest Labrousse. Michelle Perrot oriente par la suite ses recherches sur l’histoire des femmes ou du féminisme et elle fonde en 1974, avec Françoise Basch, le Groupe d’études féministes (GEF). Historienne engagée, militante féministe, elle avait pris position contre la guerre d’Algérie dès les années 1950. De 1991 à 1992, Michelle Perrot dirige notamment avec Georges Duby L’Histoire des femmes en Occident (Plon). Parmi ses œuvres, on peut citer en outre Les Femmes ou les silences de l’histoire (Flammarion, 1998), Les Ombres de l’histoire : crime et châtiment au XIXe siècle (Flammarion, 2001), Histoire de chambres (Seuil, 2009, Prix Femina essai), George Sand à Nohant. Une maison d’artiste (Seuil, 2018), Le Chemin des femmes (Robert Laffont, 2019), S’engager en historienne (CNRS Éditions, 2024). Elle a également assuré la direction du numéro 17 de La Revue de la BnF consacré aux femmes (juin 2004).
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