Où sont passés les centenaires ?

Publié le par Orgris

Le gouvernement japonais doit innover pour le bien-être de ses seniors

La société japonaise a plus changé au cours des vingt dernières années qu'au cours des quatre décennies qui suivirent la défaite. L'allongement de l'espérance de vie conjugué à la baisse de la natalité, et la maturation de l'économie, qui, autrefois, propulsait le pays mais ne laisse plus espérer des taux de croissance exponentiels sont en cause.

Le malaise diffus créé par une injustice sociale plus grande en termes de revenu, mais surtout d'espoirs, entre ceux qui « nagent dans le courant » et ceux qui ont peu de chance de forcer les portes de l'avenir sur la toile de fond d'une vision néolibérale valorisant moins l'effort que l'efficacité à court terme, forme désormais le cadre dans lequel l'Archipel doit évoluer.

Les politiques, quelle que soit leur appartenance, prennent des mesures : plus de moyens financiers consacrés à la couverture sociale avec la mise en place d'une pension minimum mensuelle de 600 euros pour les seniors sans ressources ; meilleures chances offertes aux Japonaises pour mener de front une vie professionnelle et une vie familiales afin d'encourager la natalité ; immigration contrôlée d'assistants de vie étrangers destinée à remédier à la pénurie de population active... Le Japon est surtout appelé à innover.

La situation inédite qu'il connaît est aussi, peu ou prou, celle des autres pays industrialisés : une société de longévité est en train de voir le jour dans laquelle les seniors ne seront pas à la périphérie de la population active mais au coeur des enjeux sociaux.

    Evolution démographique

Le phénomène n'appelle pas seulement des mesures de protection sociale mais aussi une réinvention des modes de vie, individuels et collectifs. Dans le domaine du bien-être comme de la conception de la ville, des transports, des communautés et des formes de solidarité. Le Japon est en train de devenir un laboratoire de l'adaptation sociale à l'allongement de la vie par la création de services municipaux (livraison de repas à domicile, lieux de sociabilité pour personnes âgées dans leur voisinage...) et par la mise au service du vieillissement de ses ressources technologiques (telle que la robotique) et de son design.

Les robots ne remplaceront pas la main humaine ou le regard. Du moins peuvent-ils être un palliatif : armature motorisée venant à la rescousse de muscles défaillants ; toilettes conçues pour personnes dépendantes ; lits mécanisés commandés vocalement... Il y a désormais un Salon des soins et de la rééducation physique qui a attiré 100 000 personnes en trois jours, en octobre 2009. Le Japon prend en main son évolution démographique.

Ph. P., Article paru dans l'édition du Monde du 15.08.10Logo-Le-Monde-N-B-.jpg


Publié dans Europe - international

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