Toilettes publiques : la crise des sanitaires

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

L’épidémie de Covid-19, les confinements et la fermeture des cafés et restaurants ont mis en évidence le rôle crucial des toilettes publiques pour des publics très variés.

Les toilettes publiques sont un lieu crucial pour un très grand nombre de publics, aussi bien pour les personnes sans domicile fixe, que pour les personnes atteintes de maladies chroniques ou les personnes âgées. Des travaux de chercheurs, comme ceux de l’urbaniste Clara Greed, ont aussi montré que les femmes sont celles qui ont le plus besoin de ce mobilier urbain, et que ce sont aussi elles qui y ont le moins accès.

Et plus encore les vieilles femmes atteintes d’énurésie, SDF en option !!!

L’épidémie de Covid-19, les deux confinements et, dans leur giron, la fermeture des bars, cafés et restaurants ont révélé l’importance capitale que revêt, aujourd’hui, ce mobilier urbain. Et l’offre est jugée insuffisante, aux yeux des premiers concernés : « Pour toutes les personnes prioritaires, les sorties du quotidien et la vie sociale peuvent très vite devenir des sources de stress et d’anxiété, particulièrement si l’accès aux toilettes dans les espaces publics et les transports n’est pas assuré. La crise du Covid-19 a accentué cette difficulté du quotidien, avec des sanisettes fermées pendant le confinement (espaces publics, commerces, transports, etc.), et dont la réouverture reste encore très partielle », déplorait ainsi l’association François-Aupetitdans une pétition « Urgences toilettes », publiée en octobre dernier.

Dans son instruction sur la prise en charge et le soutien aux populations précaires face à l’épidémie de Covid-19, du 3 novembre dernier, le gouvernement avait d’ailleurs demandé aux préfets de réaliser, en lien avec les collectivités locales, une cartographie des points d’eau potable ainsi qu’un accès à des sanitaires. En réalité, les publics à prendre en compte sont très larges : « Qu’on soit un parent avec son enfant qui a besoin d’aller aux toilettes, ou une personne âgée avec un besoin pressant, au final le problème est le même : il faut trouver une solution d’urgence. Et comme on touche à l’intime, c’est compliqué de faire émerger ce type de besoins via des politiques publiques », explique Pierre-Olivier Lefebvre, délégué général du RFVAA, qui veut lutter contre l’âgisme et amener à penser des villes plus inclusives, y compris envers les seniors. L’approche du réseau étant transversale sur de nombreux sujets, la question des toilettes publiques fait partie des points d’attention du RFVAA. Le réseau considère même que les toilettes publiques sont « le premier outil d’indépendance et de lutte contre l’isolement des personnes âgées ».

Cartographier l’existant

Aujourd’hui, l’engagement des collectivités en la matière est à géométrie variable. Paris fait figure de bonne élève, puisque la ville comptabilise le « plus vaste programme de toilettes à accès universel dans le monde : 435 sanitaires générant 15 millions d’entrées chaque année », énumère Albert Asséraf, directeur général « stratégie et nouveaux usages » de JCDecaux. En France, JCDecaux est présent dans quelques150 collectivités différentes, pour un total de 1 200 sanitaires, totalisant 23 millions d’entrées par an. Quant aux critiques portant sur la fermeture des toilettes publiques en pleine crise sanitaire, Albert Asséraf indique qu’« au début du premier confinement, tous nos sanitaires ont été fermés par mesure de précaution, aussi bien pour nos agents que pour les utilisateurs, le temps de pouvoir équiper nos agents avec des matériels adaptés, tels que des gants, combinaisons et masques, et de mettre en place les mesures d’entretien et de désinfection adaptées en cette période de pandémie. Une fois les équipements reçus et les protocoles mis en place, les sanitaires ont été réouverts progressivement », assure-t-il.

Quand l'offre fait apparaître la demande

Et, résultat contre-intuitif, JCDecaux a noté une baisse de la fréquentation de ses sanitaires en 2020, qui peut notamment s’expliquer par la chute du tourisme et les effets du confinement et des couvre-feux successifs. Pourtant, lorsque l’offre est là, la demande semble bien suivre : « A Paris et Marseille, où des urinoirs supplémentaires ont été adjoints à des sanitaires existants, des capteurs mesurant la fréquentation ont permis de constater que la fréquentation avait quasiment doublée. ». Pierre-Olivier Lefebvre est convaincu de l’importance d’améliorer l’offre existante, jugée aujourd’hui insuffisante. La réflexion est engagée pour associer les commerçants qui pourraient accepter d’ouvrir leurs toilettes aux habitants âgés dans le cadre d’une charte de services. « Lausanne réfléchit, par exemple, à financer les commerçants plutôt qu’à implanter des toilettes en extérieur. Cela pourrait être gagnant-gagnant », détaille-t-il.

Jouer la carte de l’inclusion

De leur côté, les bibliothèques sont aussi déterminées à apporter leur pierre à l’édifice. L’ABF a lancé le concours « Chouettes toilettes », sous la houlette d’Amandine Jacquet et Vincent de Lavenne. Les bibliothèques ont jusqu’au 21 mai prochain pour candidater et montrer comment concrétiser des principes d’accessibilité et d’inclusion jusque dans les toilettes publiques de leurs établissements. « Une personne ne se rendant jamais dans une bibliothèque y penserait-elle pour aller aux toilettes ? Ce n’est pas évident alors que ce pourrait être extrêmement pertinent de donner accès à ce service-là », détaille le bibliothécaire Vincent de Lavenne, qui rappelle que les bibliothèques repensent leur lieu comme un « espace d’accueil et de séjour ». La remise des prix du concours se tiendra le 17 juin, à l’occasion du congrès de l’ABF. La question des équipements minimums que doit fournir une collectivité en matière d’eau et d’assainissement est donc plus que jamais d’actualité depuis l’irruption de la crise sanitaire. Mais le sujet ne date pas d’hier. La dernière proposition de loi qui avait essayé de poser des obligations très claires en le matière remonte à 2016. Elle prévoyait, notamment, de rendre obligatoire, pour les communes de plus de 3 500 habitants, la mise à disposition gratuite de points d’eau et de toilettes publiques. Adopté à l’Assemblée nationale, le texte avait finalement été rejeté au Sénat.

Une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies du 28 juillet 2010 caractérise l’accès à l’eau potable et l’assainissement comme un « droit fondamental, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les droits de l’homme ».

Publié le 25/02/2021 • Par Laura Fernandez Rodriguez • dans : France

Et en milieu rural, dans les petites villes. Que peut-on faire sans chercher un buisson derrière lequel se cacher ? Qui peut assurer ce service ? Les mairies, les commerces, … imaginons, repérons, partageons les initiatives. …en tenant compte des seniors, des femmes, des enfants, SDF, vagabonds, randonneurs…

Pareillement, l’accès à l’eau par les fontaines publiques est dans la même démarche.

https://mcusercontent.com/47907744e3cce4728cc04bb1a/files/4d09c59a-efc0-4c56-9c46-0ee622db337c/2_edicule.pdf

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