FÉMINICIDES SOUS-ÉVALUÉS ? DES MORTES CACHÉES PAR DES LOIS FLOUES

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Le nombre de féminicides enregistrés par le gouvernement pour l’année 2023 diffère de celui avancé par les collectifs féministes. Le ministère de la Justice et les associations ne semblent pas avoir la même définition du mot «féminicide».

94. C’est le nombre de féminicides comptabilisés par le ministère de la Justice pour l’année 2023, comme le révèle un bilan rendu public le 2 janvier. Le Collectif Féminicides par Compagnon ou Ex, lui, l’évalue à 102 et l’Inter Orga Féminicides (IOF), dont fait partie le collectif Nous Toutes, en recense 134. Comment expliquer un tel écart ? 

Tout repose sur la définition de « féminicide ». Inscrit dans le dictionnaire (Petit Robert) depuis 2015, le terme s’est largement démocratisé ces dernières années. Il s’est également imposé dans les médias qui recourent de moins en moins au terme « crime passionnel ». Toutefois, la législation concernant les féminicides n’est pas claire. Aucune mention n’y est faite dans le code pénal. L’article 132-80 reconnaît juste que « les peines encourues pour un crime, un délit ou une contravention sont aggravées lorsque l’infraction est commise par le conjoint, le concubin ou le partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité, y compris lorsqu’ils ne cohabitent pas ». Le féminicide n’a donc aucune existence juridique, bien qu’Emmanuel Macron ait déclaré devant les Nations unies en 2019, « vouloir lui donner un statut juridique ». 

Le gouvernement évalue à 94 le nombre de femmes tuées par leur conjoint en 2023 contre 118 l’année précédente. Ainsi, le garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, constate une baisse de 20%. Ce qui est « très loin d’être satisfaisant » déclare-t-il au Figaro. Toutefois, cela témoigne selon lui de « l’engagement de la justice française pour endiguer les féminicides, [qui] porte tout de même ses premiers fruits ».

Les féministes contestent ce chiffre. Selon plusieurs collectifs, les violences envers les femmes ne seraient pas en diminution et les moyens pour lutter demeurent insuffisants. Le 8 janvier, déjà trois femmes ont été tuées en 2024… Le Collectif Féminicides par compagnon ou ex s’indigne des déclarations du ministre de la Justice : 

Comment les collectifs féministes définissent-ils le « féminicide » ? C’est le « meurtre ou suicide forcé d’une femme en raison de son genre, et ce quel que soit son âge ou les circonstances ». Quand le gouvernement ne comptabilise que les meurtres commis dans la sphère conjugale, la définition du féminicide proposée par l’IOF intègre tous les crimes commis par un voisin, un collègue de travail, un client ou un inconnu. Ainsi, l’IOF comptabilise 97 féminicides conjugaux ou dans la sphère intime, 20 féminicides intra-familiaux et 17 féminicides « sociaux » pour l’année 2023.

Ainsi, le meurtre de Chloé, 5 ans, tuée par son père alors que sa mère venait la récupérer au domicile de ce dernier, ou celui d’Héléna, 20 ans, dont le corps a été retrouvé calciné, tuée par un homme déjà été accusé de harcèlement sexuel et qui s’est ensuite suicidé, sont des féminicides qui ne sont pas reconnus comme tel par le gouvernement (source : Mur de femmages 2023, Nous Toutes). À ne pas vouloir regarder cette réalité-là, le risque de ne jamais voir ces violences disparaître demeure.

Note de la claviste : On sait que 30% des féminicides concernent des femmes âgées de plus de 65 an ; Elles n'entrent pas dans les mesures INSEE et INED, qui ne comptabilisent que les violences faites aux femmes de 18 à 65 ans !!. Voir l'article "De l'importance de mesurer les violences faites aux femmes de Maïté Albagy dans le dossier " Vieilles et citoyennes" Revue POUR 242 mars 

Ecrit par  Clara Authiat dans les Nouvelles NEWS

https://www.lesnouvellesnews.fr/feminicides-sous-evalues-des-mortes-cachees-par-des-lois-floues/

[à lire aussi : Suicides forcés : ces féminicides ignorés].    Il y a aussi le problème des « suicides assistés », qui touchent notamment les femmes âgées. Ainsi des cas où l’on pense que l’homme a aidé sa femme ou sa compagne à en finir parce qu’elle était trop malade ou handicapée. Or, quand on creuse, on s’aperçoit qu’il ne s’agit pas de ça, mais plutôt que l’homme n’a pas envie de prendre en charge les activités du « care » normalement dévolues aux femmes.…"..

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