Tous au cinéma pour “À l’ancienne”, Darmon et Bourdon dans une petite comédie bretonne à l’esprit british
Le nouveau long métrage d’Hervé Mimran (“Tout ce qui brille”) convoque les prestigieuses comédies anglaises des années 1940-1950 pour raconter, entre les lignes, la désertification rurale.
Qui se souvient de cette farce consistant à laisser traîner sur le trottoir un billet de banque accroché à une ficelle invisible, puis à le soustraire indéfiniment aux passants prêts à le ramasser ? Dans le nouveau long métrage d’Hervé Mimran, coréalisateur de Tout ce qui brille (2010), le billet est un ticket de loterie à plusieurs millions d’euros et les passants sont Didier Bourdon et Gérard Darmon (réunis pour la première fois au cinéma), retraités modestes vivant sur une île d’une quarantaine d’habitants en mer d’Iroise, au large du Finistère.
Remake d’un film populaire outre-Manche, Vieilles Canailles (Kirk Jones, 1998), À l’ancienne multiplie astucieusement les manœuvres dilatoires – conversations redondantes, disparition du ticket, tracasseries administratives –, si bien que le gros lot semble inaccessible. Alors que de nombreuses comédies sociales françaises (Mine de rien, Si on chantait) s’inspirent de modèles britanniques contemporains, celle-ci renverrait plutôt à la comédie anglaise classique, façon studios Ealing : Whisky à gogo ! (1949), pour l’intrigue insulaire, ou Tortillard pour Titfield (1953), pour le désengagement étatique.
Bien sûr, tout n’est pas parfait
Si le film reste d’actualité, c’est qu’il raconte, entre les lignes, la désertification rurale. L’ironie veut, ici, que l’État soit censé empocher le magot d’une main, sans remplir, de l’autre, ses missions de service public : verser des pensions de retraite dignes, réparer l’antenne-relais abattue par la foudre, assurer une navette quotidienne par bateau vers le continent. Le scénario encourage le système D, entre utilisation d’une vieille cabine téléphonique encore fonctionnelle et celle d’une parabole individuelle afin d’améliorer le réseau Internet. Il prône, surtout, le retour du collectif. Par un effet boule de neige, l’arnaque à la loterie nationale concerne d’abord deux personnes, puis cinq, puis tout le village.
Par Nicolas Didier, Publié le 05 septembre 2024 dans Télérama