Des Ehpad livrés en housses mortuaires avant de l'être en masques de protection - 63-
: Le coup de gueule du président du Pays de Saint-Eloy (Puy-de-Dôme)
Les agents de la communauté de communes Pays de Saint-Eloy, qui gère deux Ehpad et un service d'aide à domicile, utilisent leurs masques avec une grande parcimonie. En revanche, ils ont été livrés en housses mortuaires.
Au sein des Ehpad de Menat (25 résidents, dont 14 sont en unité Alzheimer) et de Saint-Gervais-d'Auvergne (31 pensionnaires), les agents sont très attentifs à leur consommation de masques au quotidien. L'heure est à la gestion la plus fine possible des stocks.
Cette question, d'ailleurs, est l'une de celles qui, aujourd'hui, donnent des sueurs froides à Henri Dubreuil, le président de la communauté de communes Pays de Saint-Eloy, gestionnaire des deux établissements. La journée de mercredi lui a réservé une surprise pour le moins désagréable. Livraison il y a bien eu. Mais pas celle qui était espérée. " Ma préoccupation première est l'approvisionnement en masques de protection. Mon sang n'a fait qu'un tour en apprenant que nous venions d'être livrés en housse mortuaires." Celles-ci n’avaient pourtant pas été commandées.
La prise de conscience ne fait que débuter au sujet de la problématique des contaminations au coronavirus au sein des Ehpad. Et bien souvent, les inventaires n'incitent pas à l'optimisme débridé. "Nous manquons de masques de protection tant en Ehpad qu'en service d'aide à domicile. Ils sont livrés avec une parcimonie qui confine au ridicule", déplore encore le président.
L'entreprise Aubert et Duval a offert 350 masques chirurgicaux à la collectivité. Cela monte les stocks à 550 unités ; il en faudrait 700.
"Compte-tenu de la situation du moment, nous manquons de masques. Si on est raisonnable, et si on est en dessous de la norme d'utilisation, en ne les changeant pas toutes les trois ou quatre heures, on a de quoi tenir une petite semaine" HENRI DUBREUIL (Président de la communauté de communes Pays de Saint-Eloy)
La collectivité a sollicité d'autres partenaires pour en récupérer encore. Elle attend également les livraisons de l'ARS (Agence régionale de santé), espérant parvenir à "faire la jointure jusque là" et "avoir une couverture à long terme".
Alors, à quoi bon les housses mortuaires ? Le plus long de la pandémie est certainement encore à venir ; Henri Dubreuil sait bien qu'elles pourraient également avoir leur utilité à l'avenir, malheureusement. Mais l'anticipation dont elles témoignent ne porte pas sur la priorité du jour.
Jean-Baptiste Ledys, publié dans La Montagne du 27 mars 2020