Vieillissement, analyse de genre, travail…
Une réflexion de l'association Flora, asbl belge, au carrefour des 3 questions : Vieillissement, analyse de genre, travail…
…Les vieilles sont aussi des femmes…
Le débat sur le vieillissement se concentre sur le travail et l’activité des seniors.
On discute les rôles :
- ceux auxquels les seniors (personnes d’un certain âge) ont encore accès,
- ceux qu’ils ne peuvent plus assumer,
- ceux qu’ils doivent endosser,
- ceux qu’ils sont censés prendre,
- ceux pour lesquels ils sont ou pas valorisés.
C’est en effet ici qu’une analyse genrée peut s’avérer utile pour mieux comprendre ce problème complexe.
Le concept de genre a été développé en premier lieu pour comprendre les rôles des femmes et des hommes (personnes d’un certain sexe) :
- ceux auxquels les femmes ou les hommes ont accès,
- ceux auxquels ils n’ont pas accès,
- les rôles qu’ils ne peuvent assumer,
- ceux qu’ils sont censés prendre,
- ceux pour lesquels ils sont ou pas valorisés.
Au même titre que les femmes et les hommes n’ont pas accès aux mêmes rôles et ne sont pas valorisés de la même manière, les seniors et la jeune génération endossent des rôles distincts et leur travail est valorisé différemment.
On comprend ici le parallélisme entre les deux analyses : l’une qui analyse les rôles des seniors et de la jeune génération (variable âge) et l’une qui analyse les rôles des femmes et des hommes (variable sexe).
Pour le dire autrement, la définition dominante de la notion de « travail » qui valorise certains rôles et pas d’autres conduit apparemment à des inégalités dans les positions sociales des groupes d’individus. Et les inégalités n’émanent pas seulement de la différence de sexe mais aussi de la différence d’âge.
Nous avons aussi souvent démontré via les actions de Flora que d’autres variables sont aussi sources d’inégalités. On peut citer le niveau de scolarité, la migration, l’origine ethnique… Ces variables jouent un rôle dans la détermination des rôles et dans la valeur que la société leur accorde. Pour Flora, le concept de « genre » pense l’individu dans sa globalité. La pensée « genre » est au croisement du sexe et d’autres facteurs de fractures sociales.
La vision « genre » nous protège d’une pensée unique qui déterminerait ce que doivent devenir les individus. Nous ne sommes en effet pas tous des individus issus d’un même moule et dans une même norme.
De plus, l’analyse genrée examine les relations entre les individus et leurs spécificités (niveau micro) et les rôles déterminés socialement, les positions sociales et le pouvoir (niveau macro). En analysant le contexte à ces différents niveaux, on évite de culpabiliser les individus par rapport à leur situation. On évite aussi de les considérer comme des victimes du système. Pour comprendre un phénomène social, l’analyse genre telle que développée par Flora fait interagir les facteurs d’exclusion, et ce à différents niveaux en même temps.
Dans le débat sur le vieillissement, les mécanismes de genre sont donc bien présents. Le cadre d’analyse, développé par des femmes précarisées avec Flora au fil des projets de recherches-actions, explique les enjeux sociaux et les situations d’injustice et d’inégalités à partir d’un déséquilibre entre les 5 formes de travail : productive work, care work, social work, self work et sustainability (leeping the balance).
On est curieux de savoir ce que ce cadre peut nous apprendre sur les défis du vieillissement…
Publié le 27 février 2012 par la newsletter de l'asbl Flora, Belgique,
http://www.florainfo.be/spip.php?page=imprimer&id_article=396