Un village pour toutes les générations en Maine-et-Loire - 49 Pays de Loire
A Villevêque, dans la campagne angevine, le Village des générations est un lieu pionnier en matière de logement intergénérationnel. Le credo : regrouper dans les mêmes locaux une résidence pour personnes âgées et une maison de l’enfance.
Dans le long couloir très coloré du hall d’accueil, de petits téléphones muraux côtoient des jeux d’équilibre et des structures pour grimper... Là, deux très jeunes demoiselles entament une course de trotteur sous l’œil goguenard de cet octogénaire, appuyé sur son déambulatoire pour mieux admirer le spectacle. « Je n’ai pas eu la chance d’être grand-père et j’adore les enfants, dit-il. Ils viennent me voir. Ils sont gentils. Ils m’appellent Tonton ». Les deux petites passent à toute vitesse, leur exploit salué par les anciens. « L’architecture a été pensée et adaptée afin que les différentes populations puissent se croiser à tout instant », explique d’emblée Cécile Nureni, directrice du pôle Soins et personnes âgées à la Mutualité française Anjou-Mayenne. « Notre objectif : éviter le cloisonnement des âges. Aujourd’hui, l’intergénération se vit très simplement, avec l’idée que des petits vivent aux côtés de personnes âgées ».
Bienvenue au Village des générations.
Un lieu pionnier en matière de logement intergénérationnel planté dans la campagne angevine, à Villevêque, petite commune de 3 000 âmes. Le credo : regrouper dans les mêmes locaux une résidence pour personnes âgées, une crèche et un centre d’aide par le travail. Là, dans les espaces communs de ce vaste bâtiment de 4 400 m², les soixante résidents des Couleurs du temps partagent le quotidien des dix-huit tout-petits de la maison de l’enfance du Nid du Loir. Ici, le personnel ne porte pas de blouse. Le mobilier colorié des couloirs ressemble à des jouets et à toute heure, une petite musique accompagne le visiteur. Les jeux d’enfant, on les retrouve dans le grand jardin qui love la maison. La salle polyvalente permet des activités communes régulières. « Les petits sont fascinés par les déambulatoires et les fauteuils roulants de nos résidents plus dépendants, on peut penser que ces rencontres quotidiennes leur permettront une ouverture d’esprit sur la différence et une plus grande tolérance », espère cette professionnelle de la petite enfance. Géré par la Mutualité française Anjou-Mayenne, ce village fonctionne depuis plus de deux ans. Mais il aura fallu presque dix ans pour que le projet sorte de terre, et deux de plus pour terminer les travaux. « Dans les années 90, est né le besoin de créer une maison de la petite enfance et en même temps, il fallait reconstruire la maison de retraite », se souvient Cécile Nureni. C’est ainsi qu’assez rapidement les élus de la communauté de communes de Villevêque-Soucelles et les responsables de la Mutualité française Anjou-Mayenne étudient un rapprochement entre les deux structures. Reste à convaincre résidents - petits et grands - professionnels et parents. Les résidents adhèrent tout de suite, les parents aussi. Certains professionnels se montrent plus réticents. « Ils s’interrogeaient sur les éventuels changements dans leurs pratiques. Et puis quelques médecins ont craint que les personnes âgées transmettent leurs microbes aux enfants ». Des craintes vites dissipées. Il faut dire que les rencontres entre les personnes âgées de la maison de retraite et les jeunes générations de Villevêque avaient déjà été initiées depuis belle lurette. Mais l’intergénération se résumait alors - comme dans beaucoup de maisons de retraite - à une rencontre annuelle avec les enfants de l’école ou du centre de loisirs. « Il fallait imaginer quelque chose dans la durée pour permettre une vraie rencontre entre personnes âgées et enfants ». Première esquisse de ce que sera le Village des générations, une classe de CE1 travaillera dans la durée avec les résidents sur le thème du présent et du passé. « Mais nous ne voulions pas de ponctuel, plaqué et finalement un peu artificiel, ce n’est pas la vie ! »
La vie, elle semble s’écouler doucement au Village, sous les rires et les cris des enfants.
« Certaines personnes âgées ont, à maintes reprises, répété leur bonheur de ne pas avoir l’impression de vivre dans une maison de retraite, confie cette professionnelle. Cela leur apporte tout simplement un réel bien-être. Elles se sentent moins isolées ». Elle se souvient d’un résident, complètement replié sur lui-même qui ne communiquait plus. « Au contact des enfants, il s’est rouvert au monde ». Petits et grands partagent ensemble ateliers contes, ateliers chansons, après-midi crêpes ou repas pris en commun. Les petits distribuent toutes les semaines le menu des repas aux résidents. Les personnes âgées peuvent si elles le souhaitent venir voir les enfants dans leur crèche et participer à leurs activités. Certaines mamies prennent plaisir à repriser bavoirs et turbulettes. Une fois par mois, une sortie commune à la bibliothèque est proposée. Une association d’animations intergénération regroupant professionnels, résidents, parents s’est créée. Dernier événement en date, le repas de Noël, mais aussi le « vide jardin » : on échange et vend des plantes, des confitures.... Cet été, des parents avec leur petit ont rejoint les retraités en séjour à la mer. Et puis, il y a parfois de belles surprises. Comme celle de constater que les petits enfants - voire arrière petits enfants - rendent des visites plus régulières. « Les locaux sont accueillants, avec des expositions itinérantes, des jeux d’enfants décorent les couloirs, alors forcément, ça développe les visites », poursuit Cécile Nureni. Pas question pour autant de forcer qui que ce soit à se rencontrer. « On ne va pas mettre un bébé dans les bras d’une personne âgée sous prétexte que l’on fait de l’intergénérationnel ». Ainsi, certains résidents ne participent pas aux ateliers communs. Côté maison de retraite, six unités de vie appelées îlots, composées de dix chambres. Chaque îlot dispose d’une cuisine, d’une salle à manger et d’un jardin privatif. Côté maison de l’enfance, une crèche de dix places, une halte-garderie de huit places et un relais assistantes maternelles. « Dans une société qui tend à être toujours plus cloisonnée et ségrégative, nous sommes convaincus que la transmission est à la fois une valeur et une pratique déterminante pour le mieux vivre ensemble », dit-on ici. Une évidence, dans ce Village qui tisse chaque jour de petits liens entre les âges.
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