Rêves et utopies, réalité de demain - Recherche sur le bien vieillir
À Lille l'Université du temps libre interpelle les élus
pour remettre les personnes âgées au centre de la ville
Aurait-on oublié les personnes âgées tandis qu'on imaginait la ville de demain ? Ou pire, déciderait-on à leur place ? Un groupe de recherche de l'Université du temps libre (UTL) n'est pas loin de le penser. Pour lutter contre les idées reçues et alerter sur les besoins des 3e et 4e âges, l'UTL rencontre vendredi les élus. Sous le bras, une étude, menée depuis neuf ans, qui redonne la parole aux personnes âgées. À les écouter, il était temps.
Nul hasard si les recherches se sont focalisées d'abord sur Villeneuve-d'Ascq. Initiées par le centre communal d'action sociale, elles ont révélé une situation démographique préoccupante : entre 1982 et 1999, la part des 60-75 ans dans la population municipale aurait augmenté de 65 % et celle des plus de 75 ans de 47 % ! Une sacrée révolution pour la ville « nouvelle », longtemps considérée comme la plus jeune de la métropole. Ce vieillissement, visible sur l'ensemble du territoire métropolitain, entraîne un constat : « La ville n'a pas été pensée pour les besoins et les limites des personnes âgées », juge Régis Verley, soutien du groupe de recherche.
Trois enquêtes ont été menées depuis 2001.
- La première a permis de mettre en lumière le mode de vie des seniors et l'inadaptation des services à celui-ci.
- Prolongement logique, la deuxième étude a porté sur les lieux qui pourront accueillir les personnes âgées dès lors qu'elles doivent quitter leur domicile. L'UTL interpelle sur le manque de solutions alternatives aux maisons de retraite, bloquées sur le modèle de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les « chercheurs » bénévoles sont allés au Québec ou en Hollande observer les initiatives locales.
- La troisième enquête, enfin, s'est intéressée à la participation des seniors à la vie des établissements. L'animation résonne, selon l'étude, comme le point faible des EHPAD. « Les règles sanitaires y sont draconiennes, mais il n'y a aucune obligation en termes d'animation », relève Régis Verley. Plus dure, Nicole Gadrey, sociologue et membre du groupe de recherche, dénonce l'infantilisation des pensionnaires : « Ils ne sont pas partie prenante des lieux de vie, hormis pour les menus. On nous fait manger à 18 h. Imaginez qu'à 60 ans, on ne peut parfois même pas choisir sa place à table ! » Rester acteur de sa vie, être libre, garder du lien social... Les témoignages recueillis par l'UTL soulignent, sans acrimonie, le dérapage d'une société qui perçoit « la vieillesse comme une charge, un poids et non un apport », note le groupe. Pas sûr que le débat sur les retraites contrarie cette tendance...
L'UTL a donné rendez-vous ce vendredi aux élus et représentants de la Caisse régionale d'assurance-maladie pour présenter son rapport. • J. L.
Le forum « Rêves et utopies, réalité de demain - Recherche sur le bien vieillir », s'est déroulé le vendredi 23 avril, salle du conseil de la communauté urbaine, à Lille.
contact : Élisabeth Vandermoër, Université du temps libre UTL, 9, rue Auguste Angellier, 59000 Lille, 03.20.42.86.70 –utl@nordnet.fr