Rapport de l'Observatoire national du suicide : importance des personnes âgées
Premier rapport de l'Observatoire national du suicide et bientôt un nouveau programme d'action
Pour le premier anniversaire de sa création, l'Observatoire national du suicide (ONS) a remis son premier rapport annuel à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé. L'objectif justifiant la mise en place de cet observatoire était de "donner les moyens aux pouvoirs publics d'agir le plus en amont possible et de prévenir le suicide, avec l'ensemble des acteurs concernés".
Si le sujet est austère, le rapport a le mérite de rappeler quelques chiffres qui permettent de mieux saisir l'ampleur du phénomène : plus de 11.000 suicides par an et près de 200.000 personnes accueillies aux urgences après une tentative de suicide.
Une surreprésentation des personnes âgées et de forts écarts régionaux
Le premier rapport de l'ONS est marqué par une très forte dimension épidémiologique. Le phénomène est en effet moins connu qu'il y paraît au premier abord. Les chiffres publiés par le rapport montrent ainsi de fortes variations selon le sexe et selon l'âge. Pour un taux national moyen de 17,9 suicides pour 100.000 habitants - tous âges et sexes confondus -, le chiffre est 22,7 chez les hommes et de 8,1 chez les femmes. En termes d'âge, ce taux monte à 40,6 chez les 75 ans et plus (68,7 chez les hommes et 12,5 chez les femmes), alors qu'il n'est "que" de 20,5 dans la tranche de 25 à 54 ans.
Les écarts régionaux sont moins connus que les écarts démographiques. Ils sont pourtant tout aussi importants. Ainsi, les taux de suicide les plus faibles (toujours pour 100.000 habitants) s'observent dans des régions aux profils pourtant très différents : l'Ile-de-France (9,3), l'Alsace (13,4), la Corse (14,0) ou Rhône-Alpes (14,5). A l'inverse, la Bretagne affiche un taux de 28,9 - soit trois fois l'Ile-de-France -, tandis que la Basse-Normandie affiche 25,6, le Nord-Pas-de-Calais 24,7 et la Picardie 23,0.
Le suicide est également typé sociologiquement, avec des taux nettement plus élevés chez les agriculteurs et un rapport de un à trois entre les cadres et les ouvriers. Dernier point à relever, "au sein de l'Europe, la France se situe dans le groupe des pays à fréquence élevée de suicide, malgré une baisse du taux de suicide observée entre 2000 et 2010".
Des mesures ciblées sur les personnes âgées
Le rapport de l'ONS dresse aussi un état des lieux des actions de prévention du suicide, et plus particulièrement des six axes du programme national d'action contre le suicide 2011-2014. On peut toutefois regretter que l'approche soit exclusivement descriptive, sans éléments de bilan sur les résultats et l'efficacité des actions engagées. Le rapport revient également, dans la même approche, sur le plan national d'action contre le suicide contre le suicide 2011-2014 mené par la Mutualité sociale agricole (MSA) et ciblé sur le monde rural.
Du fait de cette approche descriptive, la part donnée aux recommandations est assez limitée. Lors de la remise du rapport, Marisol Touraine a toutefois annoncé son intention de reprendre certaines mesures. Elle annonce ainsi l'élaboration d'un nouveau programme national d'actions contre le suicide, qui succèdera au précédent. Ce programme "comportera des mesures en direction des personnes âgées, comme le prévoit le rapport annexé au projet de loi relatif à l'adaptation de la société au vieillissement". Outre les recommandations de l'ONS, il s'appuiera aussi sur l'évaluation du précédent programme 2011-2014, confiée au Haut conseil de la santé publique (HCSP). Par ailleurs, le ministère va lancer un appel à recherche dès le début de 2015, "afin d'améliorer les connaissances sur le suicide et ainsi orienter les actions de santé publique, sur la base de priorités identifiées dans le cadre des travaux de l'observatoire".
Jean-Noël Escudié /PCA
Publié le jeudi 4 décembre 2014 par localtis