Maintien à domicile : une communauté de communes rurale s'implique dans le portage de repas –Aquitaine-64-
Maintien à domicile : une communauté de communes rurale s'implique dans le portage de repas –Aquitaine-64-
Depuis 2001, la communauté de communes du Pays de Nay prend en charge l'organisation du portage de repas auprès de personnes âgées ou handicapées. L’EPCI étend la prestation aux jours de week-end, et surtout l’élargit aux 23 communes qui ne disposaient d'aucun service similaire. Elle se dote pour cela d’une compétence optionnelle dans le domaine social.
Là comme ailleurs, au cœur du Béarn, entre Lourdes Tarbes et Pau, la communauté de communes du Pays de Nay (26 communes, 24.679 habitants) est confrontée aux enjeux du vieillissement de la population. Désireux de mieux répondre aux besoins des habitants âgés, les élus ont commandé 2008 une étude à la MSA. Les conclusions montrent que deux services sont insuffisamment couverts sur le territoire : le portage de repas à domicile et le transport à la demande. L’EPCI décide d'y remédier.
Liaison froide à l’échelle des 23 communes et continuité du service les jours ouvrés
A l'époque de ce diagnostic, seules trois communes offraient un service de portage de repas auprès des personnes âgées ou handicapées. Toutes livraient des repas chauds, fabriqués par leurs cuisines centrales, à l’exclusion des week-ends et jours fériés. Il n'était pas question pour les élus de remettre en cause ces services dans les trois communes. Il fallait en revanche adapter ces prestations pour desservir les 23 autres communes.
La liaison chaude n'apparait pas envisageable à cette échelle. La communauté ne dispose pas non plus de cuisine centrale, et la durée de la tournée approcherait les 3h30 pour couvrir ces communes, alors que les normes exigent qu’un repas chaud soit transporté à température constante et livré dans les 2 heures suivant sa fabrication. Les élus optent donc pour une livraison de repas froids. Cette solution permet d'envisager d’assurer la continuité du service sur les trois communes pionnières.
Appel à prestataires, plutôt que régie d’abord envisagée
Ces choix faits, un appel d'offres a été lancé, avec un marché scindé en deux lots : confection des repas et livraison des repas. "Nous avions étudié la possibilité de gérer en régie directe la distribution. Mais cela impliquait l'achat d'un véhicule, l'embauche d'un chauffeur, et de son remplaçant, ainsi que des frais de maintenance. Les élus ont donc préféré faire appel à un prestataire", explique la responsable du service culture, sport, jeunesse et services aux personnes, Brigitte Courades Le Pennec.
Plusieurs candidats répondent à l'appel d'offres, mais pas d'acteurs locaux comme l'ADMR Les marchés sont conclus pour trois ans (renouvelable deux ans) et le portage de repas a débuté en 2011.
L'ensemble fonctionne plutôt bien, avec cependant des marges de progrès
L'ensemble fonctionne "plutôt bien", ce qu'une enquête de satisfaction auprès des usagers a confirmé. Cela n'empêche pas les réclamations, critiques et questions récurrentes : les plateaux mal thermofilmés, repas pas assez copieux, pas très bon aussi, les menus sont "incompréhensibles". Autant de remarques que la responsable de service doit gérer avec le fabricant. " Nous lui avons demandé d'être plus précis dans la présentation des menus, que nous envoyons aux personnes âgées trois semaines à l'avance pour qu'elles fassent leur choix, tant en terme de menus que de nombre de repas", précise la responsable du service.
Tarif et nouvelles habitudes à prendre : la montée en charge est lente
Malgré la hausse des prix de revient depuis 2011, la collectivité a préféré prendre en charge le différentiel pour ne pas augmenter un tarif déjà assez élevé (8,50 euros par jour et par personne). Pourtant ce prix couvre à peine les frais (préparation, livraison), sans compter la gestion administrative des deux agents de la communauté.
Même si certains usagers bénéficient d'une aide du conseil général des Pyrénées Atlantiques, de leur caisse de retraite voire aussi de certains CCAS, ce coût explique sans doute que le nombre d'usagers en 2014, soit plus faible que prévu : en moyenne, 35 repas sont livrés par jour, quand l'estimation pariait sur 50 repas.
"C'est aussi un changement d'habitude alimentaire souvent perturbant pour une personne âgée", observe la responsable de service. Ceux qui y ont recours sont souvent les plus isolés et dépendants. La communauté de communes prévoit de "relancer la communication, auprès des médecins, pharmaciens" pour rappeler de l'existence de ce service au public et sa souplesse.
Compétence, gestion et coordination communautaires
La communauté de communes n’avait pas la compétence sociale lors de la mise en place du portage à domicile sur son territoire. Elle prendra pour cela la compétence optionnelle "social" avec entre autres missions, celle du "portage de repas à domicile en liaison froide". C'est la communauté de communes qui prévient les prestataires du nombre de repas à préparer, et du planning de livraison. La responsable du service et l'agent d'accueil de la communauté reçoivent les demandes d'inscription des usagers et tiennent à jour deux tableaux : celui des repas à préparer avec le nombre des menus ordinaires, sans sel, diabétique pour la semaine, et celui des livraisons, avec cette fois les coordonnées des personnes. "Nous avons une organisation certes chronophage mais qui reste souple ce qui permet d'être réactif s'il faut ajouter une personne, supprimer un repas suite à une hospitalisation", explique la responsable.
Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse, publié le 2 décembre 2014, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
CONTACTS : Communauté de communes du Pays de Nay ; PAE Monplaisir ; 64800 Bénéjacq Tél. : 05 59 61 11 82 ; contact@paysdenay.fr
Jean-Marie Berchon ; Vice-président délégué aux services aux personnes, l'action sociale et la santé
Brigitte Courades Le Pennec; Responsable du service culture, sport, jeunesse et services aux personnes; b.couradeslepennec@paysdenay.fr