Les retraités sont-ils nantis ou pauvres ?

Publié le par Orgris

Les retraités d'aujourd'hui sont-ils des nantis ?

Ils sont mieux lotis que ceux d'hier. Mais pour combien de temps ?

La pauvreté gagne du terrain chez nos aînés.

 

      1. Ils sont augmentés

      + 0,9 % en avril 2010, + 1 % en 2009 : ce sont les deux dernières revalorisations des pensions de retraite du système général. Une goutte d'eau ? Certes. Mais beaucoup de salariés du privé n'ont pas vu l'ombre d'une augmentation, eux. En 1970, le niveau de vie moyen des retraités représentait 60 % de celui des actifs, aujourd'hui il est égal voire, le dépasse. Ce qui est loin d'être le cas partout : sur les trente pays étudiés par l'Organisation de coopération et de développement économiques(OCDE), seuls le Mexique, l'Autriche, le Luxembourg et la Pologne se placent mieux que la France dans le rapport niveau de vie retraités-actifs.

      Entre 2000 et 2004, la pension moyenne a augmenté de 123 €, notamment parce que les femmes ont des carrières plus longues et meilleures que leurs ainées.

 

      Mais tous les observateurs s'accordent pour dire que cela n'est que transitoire. D'abord parce que si les pensions ne baissent pas en valeur absolue, la pension de retraite n'est plus indexée sur les salaires mais sur les prix, moins favorable en ces temps d'inflation basse. Surtout, les fins de carrière sont plus chaotiques : 40 % des Français de 55-59 ans ne travaillent pas (chômage, pré-retraite, invalidité, retraites) et se préparent de petites pensions. Des pensions qui, depuis 1993, ne sont plus calculées sur les dix meilleures années dans le privé mais les vingt-cinq meilleures. S. L.

 

      2. Ils sont les champions du patrimoine

      Les retraités français sont aujourd'hui détenteurs d'un patrimoine immobilier et financier considérable : 72 % sont propriétaires de leur logement (contre 57 % en moyenne nationale) et ils possèdent 40 % du patrimoine total du pays (46 % du patrimoine financier) alors qu'ils représentent 25 % de la population.

 

      3.Ils sont avantagés par le FISC

      Les retraités imposables bénéficient d'un abattement pour frais... professionnels de 10 % et leur taux de CSG est inférieur à celui appliqué aux actifs : 6,6 % contre 7,5 %. Soit un manque à gagner de 3,6 milliards d'euros pour l'État. De plus en plus de voix s'élèvent contre ces avantages fiscaux. « Est-il normal qu'Antoine Zacharias, titulaire d'une retraite-chapeau de 2,5 milliards d'euros par an, acquitte une CSG à un taux inférieur à un travailleur au SMIC (...) ou qu'un foyer de retraités à 4 000 € par mois ait droit à un abattement professionnel à l'impôt sur le revenu ? », questionne Terra Nova, club de réflexion (journal Libération du 15 juin).

 

      4.Ils sont aussi de plus en plus pauvres

      Pensions qui n'augmentent plus suffisamment par rapport au coût de la vie – logement, énergie, médicaments, etc. –, petites retraites, la misère revient chez les seniors. C'est le constat que font les associations caritatives sur le terrain. Un rapport d'avril 2010 du collectif Alerte et de l'Uniopss est sans appel. Dans le réseau d'associations concernées (Secours catholique, Petits Frères des Pauvres, Secours Populaire, Armée du Salut, Fondation Abbé-Pierre...), on observe « une augmentation significative de la présence de personnes âgées dans les lieux d'accueil, de demandes d'aide financière, médicale... ». On y note encore que « les restes-à-vivre sont de plus en plus maigres ». « Une parenthèse heureuse s'est refermée depuis trois ans », conclut ce rapport. Parmi les publics les plus exposés : les femmes seules, notamment en milieu rural, les retraités qui ne sont pas propriétaires de leur logement ou encore les retraités issus de l'immigration, aux salaires souvent plus modestes et qui ont peu épargné durant leur vie active

 

      5. Ils se remettent au travail

      De plus en plus de retraités se remettent à travailler. Plus de 150 000 selon la Caisse nationale des assurances vieillesse, soit près de 1 % des retraités. Très minoritaire si l'on considère les quelques 15,6 millions de retraités, mais en forte augmentation : + 25 % sur la seule année 2007 ! Pourquoi les retraités sont-ils de plus en plus nombreux à rechercher du travail ? La nécessité vient en tête des motivations

      : face à l'érosion du pouvoir d'achat, une fois les économies dépensées, on se remet à travailler pour, au pire, payer les factures ou des frais à venir de dépendance, au mieux se payer des vacances ou quelques extras. Mais ne pas espérer améliorer sa pension : la nouvelle activité ne génèrera pas de points de retraite supplémentaire ! L'État a bien compris les avantages qu'il pouvait en tirer et a assoupli les conditions d'exercice du cumul emploi-retraite : quasiment tous les régimes de retraite rendent ce cumul possible. Pour autant les revenus générés sont plafonnés : la somme de la pension perçue et des revenus générés par la nouvelle activité professionnelle ne doit pas dépasser le dernier salaire perçu avant le départ en retraite ou l'équivalent d'1,6 Smic si cela est plus favorable au retraité. CH. C

 

      6. Pourquoi la prochaine génération est-elle condamnée à souffrir ?

      C'est sociologique : on vit de plus en plus vieux, on compose et recompose sa famille en faisant des enfants de plus en plus tard – repoussant d'autant la fin de leurs études qui se termineront la retraite sonnée. On achète sa maison ou son appartement sur trente ans la trentaine bien passée... Les retraités ont de plus en plus de charges. Ils soutiennent désormais leurs enfants et leurs parents avec des pensions qui, proportionnellement, n'augmentent pas suffisamment.

 

vendredi 18.06.2010, - La Voix du Nord

http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2010/06/18/article_ou-en-est-le-niveau-de-vie-des-retraites.shtml

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