Les enjeux liés au vieillissement de la population : le séminaire ETD du 21 juin

Publié le par Orgris

Retour sur le séminaire ETD du 21 juin 2011 

sur la question sociale dans les politiques des collectivités  :

* Le vieillissement de la population : un atout pour les territoires

* Les vieux d’aujourd’hui ne sont pas ceux de demain

* Des territoires qui font preuve d’innovation

L’analyse menée par Etd en 2010 sur la place du volet social dans les Agenda 21 locaux a révélé …l'importance de dépasser le seul champ de l’action sociale, de prendre en compte les évolutions sociétales et les projections démographiques et de développer des méthodes qui leur permettent de traiter ces enjeux de manière transversale. Ce travail a montré l'efficacité …des approches par publics, dont les besoins nouveaux (en termes de services d’aide à la personne ou d’activités culturelles et de loisirs par exemple) pouvaient aussi représenter une opportunité de développement pour les territoires.

Dans le prolongement de ces travaux, Etd a organisé le 21 juin dernier à Paris un séminaire sur l’évolution des pratiques des collectivités dans la prise en compte de la question sociale. Il visait plus particulièrement les enjeux liés au vieillissement de la population. Bien que se posant de manière de plus en plus pressante, cette problématique n’est en effet pas toujours abordée par les collectivités dans toutes ses dimensions. On observe d’ailleurs actuellement une certaine focalisation du débat comme de l’action publique sur la prise en charge de la dépendance, au détriment d’une approche « positive » et globale du vieillissement.

Quels enjeux représente pour les territoires le vieillissement de la population, en termes de charges mais également d’opportunités de développement ? Comment et avec quels outils les collectivités peuvent-elles se saisir de cette question et mettre en oeuvre des politiques territoriales adaptées?

Autant de questions qui ont fait l’objet d’une table ronde réunissant Stéphane Joly, Vice-président du Centre Communal d’Action Sociale de Reims et administrateur de l’Union Nationale des CCAS, Bertrand Lapôtre, Expert en économie du vieillissement, ancien chef de projet du pôle domotique à la Communauté de Communes de Guéret Saint-Vaury, Isabelle Moesch, Sociologue et Chargée d’études à l’Institut Régional du Vieillissement de Franche Comté, et Françoise Thoumine, Responsable de la Direction des personnes âgées et handicapées au Conseil Général du Finistère.

    * Le vieillissement de la population : un atout pour les territoires

L’ensemble des intervenants a d’emblée insisté sur la nécessité de changer notre regard sur les personnes âgées et de ne pas considérer leur présence uniquement comme un poids pour la collectivité mais bien comme une chance. Elle peut notamment constituer un réel potentiel de création d’emplois et d’activités pour les territoires.

L’exemple du pôle domotique mis en place par la Communauté de Communes de Guéret - Saint Vaury illustre bien la manière dont des élus locaux peuvent se saisir de l’opportunité économique que représente localement le vieillissement de la population. Afin de maintenir à domicile une population vieillissante et faire face au départ des jeunes diplômés d’un BTS domotique, la Communauté de Communes a souhaité créer un pôle de compétences dans ce domaine. En s’appuyant sur la filière électrique existante en Limousin et en associant différents niveaux de collectivités (l’intercommunalité, le Département, la Région), acteurs de la formation, artisans et entreprises locales, le projet a donné naissance à un centre de ressources et a permis de stimuler la filière locale. Le centre de ressources héberge une licence professionnelle depuis 2008 et accueillera bientôt une pépinière d’entreprises et un showroom pour la démonstration du matériel. Un groupement d’artisans locaux s’est constitué autour de l’entreprise industrielle Legrand qui les forme à l’installation du matériel qu’elle développe. Aujourd’hui le Conseil général de la Creuse, maître d’ouvrage d’une expérimentation d’un pack de services constitué à partir des solutions développées (détecteur de chutes ou automatisation de l’éclairage par détecteur de mouvement par exemple), a décidé de fournir des équipements domotiques à 2000 personnes en perte d’autonomie. L’installation de la téléassistance est assurée par une délégation de service public confiée à la Fondation Caisse d’Epargne. Le Conseil général soutient également la démarche via un appel à projets pour favoriser la création d’entreprises dans ce secteur d’activités. Selon un rapport de l’Université de Limoges, la licence professionnelle enregistre une très bonne intégration à l’emploi de ses étudiants dans les six mois qui suivent l’obtention de leur diplôme. Ils sont employés par les collectivités, les associations d’aide à domicile, les fournisseurs et installateurs de matériel, ou créent leur propre activité.

Les actions territoriales orientées vers la formation et la création d’emplois, en rapprochant les ressources humaines et économiques locales des besoins observés sur un territoire, s’avèrent être un levier efficace de développement d’une « économie du vieillissement ». Le Conseil général du Finistère a ainsi décidé d’investir dans la formation des aidants professionnels en menant une expérimentation auprès de publics en recherche d’emploi. L’objectif était de répondre à des besoins en services d’aide à domicile tout en sécurisant des parcours professionnels dans un secteur d’activités qui souffre souvent d’une précarisation des emplois. Cette action a permis de mobiliser des personnes éloignées de l’emploi dans une démarche de formation qualifiante et doit pouvoir répondre à un besoin croissant de personnel.

L’Institut Régional du Vieillissement (IRV), en partenariat avec les Universités de Bourgogne et de Franche-Comté, a plutôt misé sur la formation initiale en créant un master pluridisciplinaire « vieillissement et société » afin de répondre aux besoins nouveaux de la gérontologie (dans les domaines de l’animation, du soin et de l’accompagnement des personnes âgées, des politiques d’aménagement et de développement territorial, de l’économie du vieillissement, etc.). Il travaille actuellement au montage d’une licence professionnelle pour la formation des futurs cadres du secteur de l’aide à domicile.

   * « Les vieux d’aujourd’hui ne sont pas ceux de demain »

Toutes les expériences présentées s’appuient sur une analyse préalable des besoins sociaux, qui permet à la fois d’anticiper l’ensemble des impacts du vieillissement de la population et de définir des réponses en adéquation avec des besoins en pleine évolution (« Les vieux d’aujourd’hui ne sont pas ceux de demain» aime à rappeler Stéphane Joly). A titre d’exemple, l’IRV mène sur l’ensemble du territoire de Franche-Comté des enquêtes qualitatives auprès des personnes de plus de 60 ans. Elles montrent que cette population est hétérogène et recouvre des besoins et des attentes très variables.

Des méthodes d’analyse variées et innovantes se développent, largement ouvertes à la participation des usagers. Pour le montage du projet de pôle domotique, la Communauté de Communes de Guéret - Saint Vaury a par exemple utilisé la méthode suédoise du « living lab » qui consiste à tester « grandeur nature » des services, des outils ou des usages nouveaux ; quinze solutions domotiques ont ainsi pu voir le jour parmi 180 repérées.

Les CCAS s’appuient sur leurs comités des usagers pour assurer annuellement l’analyse des besoins sociaux, rendue obligatoire par le décret n°95-562 du 6 mai 1995.

Le Conseil général du Finistère a lui engagé une démarche participative d’ampleur autour de 17 groupes de travail pendant une année afin de définir les priorités de son schéma départemental « Bien vieillir en Finistère ».

La concertation, qu’elle soit organisée avec les publics ou avec les acteurs du champ social, les chercheurs, les collectivités et les entreprises, paraît décisive. Isabelle Moesch explique ainsi que l’objectif premier de l’IRV était de fédérer des acteurs divers mais concernés par la même question du vieillissement de la population en Franche-Comté. Au terme de neuf années d’existence l’ambition de l’IRV reste d’animer une réflexion collective et de faciliter la construction d’une politique du vieillissement globale et concertée à l’échelle de la région. Cela suppose de pouvoir mobiliser un partenariat qui reste constructif dans la durée et pose la question des outils sur lesquels s’appuyer.

     * Des territoires qui font preuve d’innovation

Une majorité des actions présentées débute par une phase expérimentale. Elle autorise une certaine souplesse dans les modalités de mise en œuvre et favorise la capacité d’innovation des collectivités. C’est le cas des « haltes répit » mises en place à Reims pour soulager les aidants familiaux ou du développement de l’accueil familial comme alternative à la maison de retraite dans le Finistère. « Les techniques existent et les territoires innovent », a affirmé Bertrand Lapôtre, qui a invité les participants à rester attentifs et ouverts aux initiatives existantes. Stéphane Joly a pour sa part insisté sur l’intérêt de l’échange et du transfert d‘expériences dans un domaine d’intervention ou les initiatives émergentes, en France comme en Europe, demeurent éparses et relativement méconnues. Les intervenants se sont accordés à dire qu’il était indispensable pour les territoires de pouvoir néanmoins s’appuyer sur une politique nationale du vieillissement.

L’adaptation des politiques publiques aux impacts induits par l’allongement de la durée de vie reste un vaste chantier. Celui-ci interroge le sens de la vieillesse et la place des personnes âgées dans notre société mais également les modes de mise en œuvre d’une politique globale et transversale du vieillissement qui puisse articuler à la lumière de cette question les politiques de transport, d’habitat, de développement économique, etc.

Le séminaire organisé par Etd montre ainsi qu’au-delà du financement de la dépendance plusieurs autres questions se posent sur le sujet du vieillissement, du fait notamment de l’hétérogénéité de la population des plus de 60 ans. De cette diversité du public vieillissant découle des besoins variés (logement, solidarité, santé, urbanisme, etc.) s’exprimant différemment selon les territoires et qui peuvent être des opportunités de développement (activités économiques, emplois, formations, etc.) pour l’ensemble des acteurs concernés (entreprises, professionnels du milieu social, collectivités, milieux universitaires et de la recherche, etc.).

Comment articuler réponse aux besoins des publics vieillissant et opportunités de développement territorial ? Comment organiser des partenariats dans la durée pour offrir des réponses ?

Etd propose aux Départements et aux Régions souhaitant approfondir ces questions une réunion de réflexion le mercredi 21 septembre de 10h à 13h.Cette réunion est ouverte aux élus et aux agents en charge de l’aménagement du territoire, du développement économique, de la prospective, du développement durable et des questions sociales dans les Départements et les Régions. A partir des questionnements et des pratiques des collectivités présentes, cette réunion visera à identifier les axes de travail d’un programme de recherche-développement collectif à mener de novembre 2011 à juillet 2012.

Fanny Schenck

Publié par ETD le 12/07/2011 dans « Projet de territoire »

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http://www.projetdeterritoire.com/index.php/Espaces-thematiques/Services-a-la-population/Actualites/Retour-sur-le-seminaire-la-question-sociale-dans-les-politiques-des-collectivites

Vous pourrez y télécharger le compte rendu du séminaire "La question sociale dans les politiques des collectivités" au format PDF

 

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