Le Thiernois-Ambertois : cohésion du territoire face au viellissement - 63 Auvergne

Publié le par Orgris

Le Thiernois-Ambertois :

Repenser la cohésion du territoire

pour trouver un équilibre démographique et économique

Un bel exemple d'étude INSEE pour les projets des territoires face au viellissement…

Situé à proximité de Clermont-Ferrand et aux portes du département de la Loire, le Thiernois-Ambertois forme un territoire de moyenne montagne aux vastes espaces forestiers qui a forgé son identité autour des villes de Thiers, capitale française du couteau, et d'Ambert. Il a développé de longue date des activités liées à ses ressources : le travail des métaux, le textile ou encore l'industrie du bois et du papier.

Suite aux crises successives, le territoire poursuit le processus de mutation de son tissu productif, où l'industrie conserve malgré tout un poids et des spécificités fortes. Le recul de l'emploi local rend le territoire fragile. Si le tourisme ne génère pas actuellement une forte activité, l'appartenance d'une large partie du territoire du Parc naturel régional du Livradois-Forez ouvre des perspectives économiques dans ce domaine.

La traversée autoroutière place la partie nord au carrefour de deux espaces économiques majeurs - Clermont-Ferrand et Lyon - et constitue un autre atout. Cette accessibilité a favorisé l'installation de nombreux habitants sur la frange nord-ouest, qui prolonge désormais l'espace résidentiel clermontois.

À l'inverse, les reliefs montagneux continuent de se dépeupler. Si le départ des jeunes et l'absence de renouvellement de sa population perdurent, la stabilisation récente pourrait n'être qu'un répit dans le déclin démographique que connaît le Thiernois-Ambertois depuis les années 1960. Celui-ci devra se préparer au vieillissement de ses actifs qui risque de générer des tensions importantes dans certains secteurs. La faiblesse démographique devrait également rendre difficile le maintien de certains services et équipements dans les zones rurales déjà âgées.1999-2006 : un simple répit démographique ?

- La population : tendances démographiques

Entre 1962 et 2006, la population du Thiernois- Ambertois a diminué de 12 % alors que celle de la région a progressé de 5 %. Depuis le début des années 2000, après quatre décennies de baisse, la population du Thiernois-Ambertois se stabilise. Cette tendance, portée par une amélioration de l'attractivité, résulte d'une croissance démographique ciblée sur la frange nord-ouest gagnée par la périurbanisation clermontoise.

Au 1er janvier 2006, la population du Thiernois- Ambertois est de 82 400 habitants, soit 150 de moins qu'en 1999. De 1982 à 1999, la population du Thiernois-Ambertois diminuait en moyenne de 0,3 % chaque année, soit une perte trois fois plus importante que celle enregistrée en Auvergne. Entre 1999 et 2006, le nombre d'habitants reste à peu près stable dans le Thiernois-Ambertois, tandis qu'il progresse de nouveau en Auvergne (+ 0,3 % par an) et dans le référentiel rural (+ 0,6 %). Cette évolution démographique est uniquement due à un regain d'attractivité, les décès restant toujours plus nombreux que les naissances.

Depuis 1999, les personnes venant s'installer dans le Thiernois-Ambertois sont plus nombreuses que celles qui le quittent. Cependant l'augmentation annuelle de population due au solde migratoire apparent (+ 0,2 %) reste encore

- Une démographie fragile et contrastée

À l'intérieur du territoire, les évolutions démographiques s'opposent. Les communes qui offrent un accès rapide et aisé à l'agglomération clermontoise bénéficient d'une poussée démographique, tandis que le Thiernois et les zones rurales plus isolées continuent de perdre leurs habitants.

La croissance de la population se concentre au nord-ouest, sur la plaine de la Limagne. Elle est soutenue par un net excédent migratoire lié à l'étalement des centres urbains. De nombreux jeunes ménages viennent ainsi habiter dans ces communes alliant cadre rural, offre foncière et proximité du principal espace économique auvergnat où ils travaillent. Dans ces communes pavillonnaires du nord-ouest, la population a augmenté de 1,6 % en moyenne chaque année depuis 1999, soit trois fois plus rapidement qu'au cours de la décennie précédente. Cette croissance traduit aussi le dépeuplement de Thiers au profit de sa proche banlieue.

Le contraste est important avec le reste du territoire. Dans la zone de Thiers Montagne, la population ne cesse de diminuer depuis 1982. Entre 1999 et 2006, elle accuse une baisse annuelle moyenne de 0,4 %. La ville de Thiers a perdu à elle seule 1 160 habitants sur la période soit 8,7 % de sa population. Enfin l'Ambertois continue de se dépeupler malgré un regain d'attractivité. Les arrivées n'y sont pas suffisantes pour résorber un important déficit naturel lié au vieillissement de la population rurale.

- Des échanges migratoires, principalement avec la métropole clermontoise

Le Thiernois-Ambertois bénéficie, au jeu des migrations, d'un excédent de 1 180 personnes avec le reste de la France sur une période de cinq ans. Entre 2001 et 2006, 9 260 habitants se sont installés dans le Thiernois-Ambertois tandis que 8 080 personnes l'ont quitté. La région parisienne est celle qui contribue le plus à l'excédent migratoire. L'Île-de-France a attiré 335 ex-résidents du Thiernois- Ambertois entre 2001 et 2006, alors que 855 Franciliens ont emprunté le chemin inverse. Les mouvements migratoires avec les régions Provence- Alpes-Côte-d'Azur et Rhône-Alpes sont aussi favorables au Thiernois-Ambertois, et se soldent par un gain de 200 personnes avec chacune d'elles sur cette même période.

Le territoire réalise l'essentiel de ses échanges migratoires avec l'Auvergne. Ces derniers sont équilibrés : 4 920 arrivées pour autant de départs. Ainsi,en 2006, plus de la moitié des nouveaux habitants du Thiernois- Ambertois résidaient en Auvergne cinq ans auparavant. Le secteur de Lezoux accueille de nombreux Clermontois venus rechercher de l'espace tout en restant proches de l'offre en commerces et en services. L'Ambertois, quant à lui, draine plutôt de jeunes retraités en provenance des aires urbaines lyonnaise et stéphanoise, notamment dans la vallée de l'Ance. Les départs les plus nombreux s'effectuent vers les aires urbaines de Clermont-Ferrand (2 990 personnes) et Vichy (520 personnes).

- Un territoire délaissé par les jeunes, mais attractif pour les classes moyennes et les retraités

Les migrations se traduisent par des apports dans toutes les classes d'âge, hormis celle des 15-25 ans pour laquelle le Thiernois-Ambertois accuse un déficit très net. À l'image de tous les espaces ruraux, le Thiernois-Ambertois peine à retenir ses jeunes. Faute d'offre universitaire mais aussi d'emplois qualifiés, ils quittent le territoire, souvent au profit de la capitale régionale. Entre 2001 et 2006, le Thiernois-Ambertois a ainsi perdu 1 420 jeunes âgés de 15 à 25 ans. À l'opposé, deux vagues positives contrebalancent ce déficit. Le solde migratoire est excédentaire pour les jeunes ménages accompagnés de leurs enfants, ainsi que pour les personnes autour de l'âge de la retraite (55-65 ans).

Cependant, les nouveaux résidents sont le plus souvent de jeunes actifs : 40 % d'entre eux ont entre 25 et 39 ans. Cette classe d'âge est en effet marquée par des changements professionnels et familiaux (premier emploi, mise en couple, naissance d'enfants...) qui l'appellent à être davantage mobile.

L'approche par catégorie socioprofessionnelle confirme ces tendances : solde fortement négatif pour les étudiants et élèves (- 1 080) ; solde positif pour les retraités (+ 755) ainsi que pour les professions intermédiaires (+ 435) ; déficit pour presque toutes les catégories sociales avant 25 ans mais excédent au-delà. Seuls les ouvriers non qualifiés connaissent un solde migratoire positif quel que soit leur âge.

- Le vieillissement pèse sur l'avenir démographique

Les apports migratoires ne pourront toutefois pas enrayer durablement la baisse de population, ni infléchir son vieillissement. Alors que le nombre de jeunes va diminuer, celui des personnes âgées va encore progresser au fur et à mesure de l'avancement en âge des générations des papy boomers nées après 1945. Les seniors sont déjà plus représentés que dans la moyenne régionale et rurale : en 2006, 28 % des habitants du Thiernois-Ambertois ont plus de 60 ans, soit respectivement 2 et 3 points de plus que dans la région et dans l'ensemble des bassins de vie centrés sur un bourg ou une petite ville.

Si l'on se fonde sur les projections démographiques réalisées à l'échelle du Parc naturel régional Livradois-Forez, le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus pourrait augmenter d'environ 40 % d'ici 2030 selon le scénario central. Les seniors représenteraient alors près de 38 % de la population du Thiernois-Ambertois. Outre les problèmes que cela pourrait poser en termes de renouvellement des générations, la zone devrait développer des services spécifiques à cette population âgée. De plus, cette tâche serait rendue plus difficile par la dispersion de cette population dans de petites communes parfois isolées.

Le vieillissement aura aussi des répercussions sur la population active, celle qui a ou recherche un emploi. D'ores et déjà, les jeunes actifs entrant sur le marché du travail ne compensent plus les nombreux départs à la retraite. En Auvergne, on estime que 38 % des actifs en emploi en 2005 devraient quitter définitivement le marché du travail d'ici 2020.

Le Thiernois-Ambertois devrait connaître une baisse encore plus prononcée du fait de la forte inertie de sa pyramide des âges. Pour atténuer ces tendances, une politique d'accueil de nouveaux actifs sera nécessaire mais devra s'accompagner d'un développement des activités. En effet l'installation de ménages dans les communes proches de Clermont- Ferrand n'a pas empêché le non-renouvellement des ressources en main-d'œuvre du Thiernois-Ambertois. Ces arrivées ne traduisent pas non plus une progression du nombre d'emplois endogènes. Sur la période récente, la population active habitant le territoire a augmenté tandis que l'emploi offert localement s'est réduit.

Si l'INSEE fait cela sur chacun de nos territoires, "OR GRIS" aura de sacrées bases pour avancer !!

http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=10&ref_id=15771&page=dossier/dossier23/dossier23_chp3.htm#img10

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