Le lien entre ceux qui travaillent et les retraités
Les mouvements sociaux et les événements de ces dernières semaines posent implicitement la question du lien entre ceux qui travaillent et les retraités ;
c’est à dire entre les jeunes et les aînés.
La retraite par répartition est fondée sur le principe d’une alliance économique entre des générations que l’on pourrait qualifier de « montantes » et d’autres qu’il faut reconnaître comme vieillissantes. Ce pacte économique est mis à mal par des dynamiques divergentes et surtout par le fait que les générations vieillissantes sont de plus en plus nombreuses. Cette distinction entre « actif » et « inactif » qui crée une tension sociétale, il faut la prendre en compte au-delà des aspects purement budgétaires et finalement la rendre désuète.
La modification des âges permettant de partir à la retraite et d’en bénéficier à taux plein est une réponse budgétaire mais nullement sociétale. Elle ne pose pas la question fondamentale :
Comment l’être humain doit-il utiliser les années de vie supplémentaires qui lui sont offertes par les progrès de la science et ceux de la médecine ?
Doit-il les utiliser pour travailler plus longtemps ?
Doit-il les consacrer aux loisirs ?
Doit-il les dédier à l’enrichissement intellectuel individuel ?
Doit-il se transformer en « auto entrepreneur » des services à domicile pour ses proches ?
Doit-il devenir un bénévole « intra générationnel » ?
Ne serait-ce pas plus bénéfique qu’il consacre ces « intérêts » payés sur son « capital de vie » (3 mois par année) aux développements d’actions et de pratiques favorisant les solidarités entre les générations ?
Au-delà du « capital de vie et de ses intérêts », une des spécificités des ainés tient au fait qu’ils sont très nombreux à détenir également un patrimoine financier qu’ils ont constitué au fil des ans. Comment faire en sorte que ce « capital » et ce « patrimoine » soient conjointement mobilisés au service d’un lien intergénérationnel ? Bien évidemment ce lien doit s’établir en premier lieu au sein des familles mais il doit s’affranchir de cette limite confortable et se construire prioritairement au niveau local. Le tissu économique de proximité est demandeur de « love money », d’expériences et de savoir-faire.
N’est-il pas temps d’imaginer et de travailler à l’émergence d’un système économique et social de proximité dans lequel les générations « montantes » prendraient en charge la retraite des générations vieillissantes alors que ces dernières feraient fructifier par les premières leur patrimoine qui de ce fait deviendrait créateurs d’emplois et de nouvelles richesses ?
Est-ce une utopie ?
Par Gérard BOUQUET
Administrateur de l'Institut Silverlife, Président du Fonds de Dotation