La pauvreté s'étend chez les isolés et les seniors (Secours catholique)
Secours catholique : la pauvreté s'étend chez les isolés et les seniors
Comme chaque automne, le Secours catholique publie ses "Statistiques d'accueil", qui reflètent le profil et la situation des 1,5 million de personnes accueillies chaque année dans les permanences de l'organisation caritative. Comme on pouvait s'y attendre au regard de la situation économique, cette nouvelle livraison ne laisse guère entrevoir de motifs d'optimisme.
Le nombre de situations de pauvreté en hausse de 3% sur un an
Tout d'abord, le nombre de situations de pauvreté continue d'augmenter. En 2013, le Secours catholique a ainsi rencontré 604.700 situations de pauvreté (personnes ou familles en difficulté), contre 586.400 l'année précédente, soit une progression de 3,1%. Ces "situations de pauvreté" sont au total vécues par 1,477 million de personnes (785.000 adultes et 692.000 enfants).
L'isolement reste un facteur déterminant dans les situations de précarité, puisque les personnes seules représentent 40% des personnes reçues. Viennent ensuite les familles monoparentales (30%), les couples avec enfants (24%) et les couples sans enfant (6%). L'absence d'emploi est l'autre facteur décisif : alors que le taux de chômage national était de 10,3% fin 2013, il atteignait 67,1% parmi les personnes accueillies dans les permanences.
Les conséquences de ces deux éléments se lisent dans le niveau de ressources des personnes accueillies. Alors que le revenu mensuel médian atteignait 1.645 euros en 2012 et que le seuil de pauvreté était alors fixé à 987 euros (60% de ce revenu médian), le niveau de vie moyen des personnes accueillies par le Secours catholique en 2013 était de 515 euros. Parmi ces dernières, 16% ne disposaient d'aucune ressource.
L'isolement et le manque de ressources pour subvenir à leurs besoins primaires constituent ainsi des difficultés majeures pour les personnes accueillies. Les besoins exprimés portaient d'abord, en 2013, sur l'écoute, le conseil et l'accueil (dans 57% des situations rencontrées), puis sur l'alimentation (55%) et sur les dépenses de loyer et d'énergie (20%).
"La grande exclusion des hommes seuls"
En termes de population, les chiffres du Secours catholique mettent en évidence "la grande exclusion des hommes seuls". Les hommes seuls étrangers en particulier, "dont près de la moitié n’ont pas le droit de travailler" et n'ont donc accès à aucune ressource, ont un très faible niveau de vie (166 euros par unité de consommation et par mois) et vivent dans des conditions de logement de plus en plus précaires. Globalement, 28% des hommes seuls accueillis par le Secours catholique sont sans ressource, contre 16% de l’ensemble des ménages accueillis. La majorité de ces hommes seuls sont jeunes, la tranche des 18-39 ans représentant 40% des hommes de nationalité française et 62% de ceux de nationalité étrangère.
Autre population de plus en plus vulnérable, les "seniors précaires". La part des plus de 60 ans parmi les personnes accueillies est ainsi passée de 5% en 2000 à 8,5% en 2013. Sur la même période, celle des 50-59 ans a progressé de 13% à 17%. Attention toutefois à un biais statistique : dans le même temps, la part des plus de 60 ans dans la population totale est passée de 27,5% à 32,9%. Il reste cependant que certaines évolutions ne laissent pas d'inquiéter. Ainsi les femmes représentent désormais 61% des personnes de plus de 60 ans rencontrées par le Secours catholique, contre 58% en 2010 et 54% en 2003. Une situation qui trouve son origine dans les écarts de pensions de droit direct (hors réversion) entre les hommes et les femmes. Compte tenu de la situation de l'emploi des seniors, le passage à la retraite reste toutefois une bouée de sauvetage : les 55-64 ans rencontrés par le Secours catholique ont en effet un niveau de vie moyen plus faible que les plus âgés, avec 618 euros pour les 55-64 ans contre 755 euros pour les plus de 65 ans.
Jean-Noël Escudié /PCA ; Publié le vendredi 7 novembre 2014 dansLocaltis