Et si les voyages formaient… l’intergénération
Et si les voyages formaient… l’intergénération
Une récente enquête réalisée par l’institut IPSOS pour le compte de la chaine hôtelière InterContinental indique que plus de 80% des jeunes du bassin méditerranéen aimeraient effectuer un voyage en compagnie de leurs grands-parents. On savait que les voyages formaient la jeunesse, il semblerait désormais que les voyages forment également l’intergénération !
Bien que 70% environ des jeunes aient déclaré avoir une relation très positive ou positive avec leurs grands-parents, pour plus d’un tiers d’entre eux, les rapports sont devenus plus « distendus » qu’auparavant depuis qu’ils sont devenus adultes.
Toutefois un élément particulièrement intéressant en ressort : plus de la moitié des personnes interviewées souhaiteraient retisser les liens étroits qu’elles avaient à l’époque avec leurs grands-parents, chiffre qui atteint 70% si l’on tient compte également de ceux qui ont déclaré que cette idée ne figurait pas en tête de leurs priorités, mais qu’ils seraient néanmoins favorables à un rapprochement.
En général, les jeunes considèrent les grands-parents comme un élément fondamental de leur cellule familiale dans tous les pays (jusqu’à 92 % des Israéliens), à l’exception de la Turquie où ce sentiment est partagé par moins de la moitié du panel sondé, mais il convient de souligner que ce lien s’estompe avec le temps.
Ceci est particulièrement vrai en Italie, où 70% des personnes interviewées affirment que, étant plus jeunes, les grands-parents étaient perçus comme faisant partie intégrante de la cellule familiale, alors que ce sentiment n’est plus partagé que par 43% d’entre elles à l’âge adulte.
Il convient de noter que parmi les personnes interviewées, 80% environ de celles qui ont attribué des valeurs et des pensées positives à la famille sont celles qui ont inclus les grands-parents dans la cellule familiale de base. C’est probablement pour cette raison que 70% des personnes interviewées seraient heureuses de renouer des rapports avec leurs grands-parents auxquels la génération Y associe différents souvenirs et expériences selon le pays d’origine.
Les mots et les situations les plus fréquemment associés aux grands-parents sont la « nourriture » (60% environ en Italie et en France et 50% environ en Espagne et au Portugal), les « vacances » (surtout en Italie pour 70% environ des Italiens, mais également pour la moitié des Espagnols et pour 40% environ des Français et des Portugais) et « l’argent de poche » (pour la majeure partie des Espagnols, pour plus de 60% des Italiens et pour 40% environ des Français, Portugais et Turcs) ; les Français ont mentionné plus que les autres « se rendre à des expositions, dans des musées et à des spectacles » en compagnie de leurs grands-parents, alors que les Portugais ont privilégié les moments passés à « jouer ensemble ».
Pour les Turcs en revanche, l’activité commune la plus courante concerne les « célébrations religieuses », par exemple, se rendre ensemble à la mosquée. En ce qui concerne la situation actuelle, dans tous les pays, la génération Y avoue passer moins de temps avec les grands-parents que par le passé, même si les Français et les Turcs semblent vouloir retisser des liens à partir de 25 ans : ainsi, 36% des Turcs déclarent entretenir aujourd’hui de bien meilleures relations avec leurs grands-parents que par le passé. Une tendance à l’opposé de ce qui se produit chez les Italiens, les Portugais, les Espagnols et les Israéliens de leur âge.
Le relâchement des contacts entre les deux générations est imputé à différentes causes en fonction du pays d’origine. Si, pour plus d’un tiers des Italiens, elle est principalement due au « déroulement naturel de la vie », pour les Français, les Espagnols, les Portugais et les Israéliens, elle doit être imputée au fait qu’ils ont « moins de temps libre disponible ». Les Turcs se démarquent particulièrement, car pour eux, la raison est avant tout de nature « logistique », à savoir l’éloignement de leur région natale provoquée par les mutations professionnelles et le transfert vers les grandes villes.
L’utilisation de la technologie et des nouveaux modes de communication est aussi un facteur d’éloignement. Si la génération Y utilise chaque jour les réseaux sociaux pour communiquer avec les gens du même âge (cités dans tous les pays parmi les canaux les plus utilisés, en premier lieu au Portugal, en Turquie et en Israël), suivis des SMS (en premier lieu pour les Français) et d’applications diverses pour smartphone (en premier lieu en Italie et en Espagne), les contacts avec les grands-parents se maintiennent surtout par le biais des appels téléphoniques plus conventionnels (outil privilégié par les Français et les Turcs), suivis des visites personnelles (Israéliens, Italiens, Espagnols et Portugais) et des SMS.
En tête, et c’est une surprise, chez les grands-parents plus « technologiques », se placent les Turcs qui utilisent chaque jour, dans 25% des cas environ, aussi bien les applications pour smartphone que les réseaux sociaux ; ces derniers sont utilisés au quotidien, y compris par 10% des grands-parents italiens et par 11% des grands-parents français.
Comme il a été rappelé plus haut, plus de la moitié des jeunes adultes seraient favorables à l’idée d’organiser un voyage avec leurs grands-parents (Français et Italiens), chiffre qui avoisine 60% chez les Espagnols et les Portugais et qui dépasse 70% chez les Turcs, ce qui souligne à nouveau le désir de « redécouvrir » dans ce pays les rapports entre grands-parents et petits-enfants à l’âge adulte. La seule donnée discordante provient d’Israël, où seuls 41% des jeunes voyageraient avec leurs grands-parents.
Il est également intéressant de noter qu’environ un tiers des jeunes adultes a déjà effectué ou effectue des voyages en compagnie de leurs grands-parents, à l’exception de la Turquie (17%). Ceux qui n’envisagent pas l’hypothèse de voyager avec leurs grands-parents l’attribuent à des raisons de santé/mobilité de ces derniers, alors que ceux qui estiment qu’il s’agit d’une bonne occasion de renouer des liens préféreraient se rendre dans une localité à l’intérieur de leur pays, sans trop s’éloigner. Ceci est vrai pour quasiment 80% des Italiens (destination préférée : Rome dans 25% des cas), quasiment 70% des Espagnols, plus de 60% des Turcs et des Israéliens et plus de la moitié des Français.
La moitié des Portugais souhaiteraient en revanche emmener leurs grands-parents au-delà des frontières, surtout en France (destination choisie également par 7% des Turcs et 5% des Italiens), tout en désignant le Brésil comme second choix. L’Italie est en revanche la destination étrangère favorite des Français et des Espagnols. Israël se démarque complètement : 40% citent comme destination la terre d’origine de leurs ancêtres qui, pour des raisons historiques, se situe souvent en dehors des frontières du pays.
Dans la plupart des cas, le choix de la destination semble guidé par le désir des petits-enfants de faire connaître également à leurs grands-parents un lieu qui leur est familier ou de retourner dans une ville où ils se sont déjà rendus ensemble par le passé. Les seuls qui se démarquent sont les jeunes Turcs : en effet, 42% d’entre eux les emmèneraient vers celle qui est pour eux, et non pour leurs grands-parents, une destination de rêve !
Mais que feraient donc les petits-enfants en vacances avec leurs grands-parents ? Il semble que dans tous les pays, les promenades dans la nature et dans les parcs soient l’occasion idéale pour se déplacer et se parler. La découverte des spécialités culinaires joue aussi un rôle important. Viennent ensuite les ballades à la découverte des charmes artistiques des villes. Parmi les réponses les plus caractéristiques, citons les Français qui mentionnent la visite de musées et de galeries d’art (26%) et les Espagnols et les Israéliens qui passeraient plus de temps à se détendre au spa de l’hôtel (respectivement 29% et 64%). Plus « intimes », les Turcs et les Israéliens pour qui la redécouverte des rapports avec leurs grands-parents passerait par de longues conversations dans une chambre d’hôtel (29% et 73%).
Paru dans Senioractu du 20 decembre 2013