« Avant j’avais honte, maintenant j’en suis fière» : ce salon qui redonne la parole aux vieilles et vieux

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Le « Contre-salon des vieilles et des vieux » qui s'est tenu jusqu’à ce dimanche 19 novembre 2023, à Paris,  pour redonner la parole aux personnes âgées, et les pousser à se mobiliser pour qu’on ne parle plus « à leur place ».

« Un matin, je me suis réveillée et je me suis dit : je vais réussir ma vieillesse. » Sous la halle des Blancs-Manteaux à Paris, l’auditoire, une foule, sourit. L’écrivaine et prix Nobel de littérature Annie Ernaux, 83 ans, est venue partager ses réflexions sur le vieillissement avec l’historienne Michelle Perrot,au fil d’une conversation animée par la journaliste Laure Adler. Toutes sont convaincues que l’on peut « penser la vieillesse autrement  ».

C’était à la fin de la première journée de l’iconoclaste « Contre-salon des vieilles et des vieux », qui s’est tenu tient jusqu’à dimanche 19 au soir. Un malicieux « salon des seniors » revisité, sans vendeur de fauteuil électrique, sans spécialiste du viager, sans sponsor de la silver economy

Plutôt des associations, 60 millions de piétons, la plateforme VIP – pour Vieillesse et précarité –, la Grey Pride, qui lutte contre l’âgisme et le plaide pour le respect de la sexualité des personnes âgées, le projet créatif  C’est pas demain la vieille, les associations Vieux et chez soi, l’Or gris… Et des ateliers revigorants, sur l’habitat intergénérationnel, l’Ehpad de demain, la fin de vie, l’accès à la culture…

Fer de lance du Contre-salon, l’insolent CNaV veut aborder la vieillesse autrement. Les membres les plus actifs (2 000 sympathisants revendiqués) sont d’anciens soixante-huitards « qui ont l’habitude de l’ouvrir, d’être bruyants, agités, blagueurs » , poursuit Véronique Fournier. Hier, ils voulaient changer le regard de la société sur la jeunesse. Aujourd’hui, devenus vieilles et vieux, ils se mobilisent pour qu’on « ne parle pas à leur place »Et qu’on cesse de les invisibiliser. « Rien pour les vieux sans les vieux » est leur slogan.

« On est transparents dans la société. On nous voit avec notre carcasse, mais ce qu’il y a dedans n’intéresse pas beaucoup » , souffle Michel Priser, 78 ans, coiffée d’un béret violet, qui boit un café à la buvette. Alors qu’on « sert à quelque chose ». « Si les retraités se mettaient en grève, le pays s’arrêterait de tourner » abonde le député socialiste Jérôme Guedj, qui participait hier à une table ronde sur la loi Grand âge. Car les personnes âgées gardent les petits-enfants, se mobilisent dans les associations, les partis politiques, les conseils municipaux…

C’est la fin de la première journée de l’iconoclaste « Contre-salon des vieilles et des vieux », qui se tient jusqu’à dimanche soir. Un malicieux « salon des seniors » revisité, sans vendeur de fauteuil électrique, sans spécialiste du viager, sans sponsor de la silver economy.

Plutôt des associations, 60 millions de piétons, la plateforme VIP – pour Vieillesse et précarité –, la Grey Pride, qui lutte contre l’âgisme et le plaide pour le respect de la sexualité des personnes âgées, le projet créatif C’est pas demain la vieille, les associations Vieux et chez soi, l’Or gris… Et des ateliers revigorants, sur l’habitat intergénérationnel, l’Ehpad de demain, la fin de vie, l’accès à la culture…

« Bruyants, blagueurs »

« Aujourd’hui, dès qu’on est retraité et qu’on a trois cheveux blancs, la société cesse de nous considérer », dit Véronique Fournier, médecin, co-fondatrice du Cnav, le Conseil national autoproclamé pour la vieillesse, pied de nez à la fameuse « Caisse nationale d’assurance vieillesse », qui se charge des retraites.

Fer de lance du Contre-Salon, l’insolent CNaV veut aborder la vieillesse autrement. Les membres les plus actifs (2 000 sympathisants revendiqués) sont d’anciens soixante-huitards « qui ont l’habitude de l’ouvrir, d’être bruyants, agités, blagueurs », poursuit Véronique Fournier. Hier, ils voulaient changer le regard de la société sur la jeunesse. Aujourd’hui, devenus vieilles et vieux, ils se mobilisent pour qu’on « ne parle pas à leur place » . Et qu’on cesse de les invisibiliser. « Rien pour les vieux sans les vieux » est leur slogan.

« On est transparents dans la société. On nous voit avec notre carcasse, mais ce qu’il y a dedans n’intéresse pas beaucoup » , souffle Michel Priser, 78 ans, coiffée d’un béret violet, qui boit un café à la buvette. Alors qu’on « sert à quelque chose » . « Si les retraités se mettaient en grève, le pays s’arrêterait de tourner » , abonde le député socialiste Jérôme Guedj, qui participait hier à une table ronde sur la loi Grand âge. Car les personnes âgées gardent les petits-enfants, se mobilisent dans les associations, les partis politiques, les conseils municipaux…

« Prendre sa place »

« Il faut qu’on prenne notre place, pense aussi Marguerite Marie, magnifique vieille de 76 ans, cheveux blancs au carré et pull vert mousseux, ancienne du Mouvement de libération des femmes, convaincue qu’il faut « se donner du mal pour bien vieillir. C’est un travail. » Le temps d’une pause sur une chaise, Christine Lévêque, 69 ans, savoure l’humour décalé du salon. Cheveux gris, ongles rouges et canne fleurie, elle vient de commencer une thèse de doctorat à l’université. Et n’aime pas trop qu’on considère les personnes vieilles « comme des enfants qu’il faut protéger ».

Au contre-salon, c’est comme une « révolution » qui commence, jubile Pierre, un visiteur. Vieilles et vieux se rassemblent, prennent la parole, partagent leurs initiatives. Se redressent. « Avant, j’avais honte d’être vieille, dit Martine Gruère, de l’association Old Up. Maintenant, j’en suis fière. »

« Déni de sexualité »

Dans les multiples ateliers, on s’autorise toutes les discussions. Sur le corps par exemple, car c’est lui, le premier, qui nous fait se sentir vieux ou vieille. Et sur ce point, l’égalité a encore du chemin. « La société confronte les femmes à leur image vieillissante. Moins les hommes » , constate une participante, quittée à 62 ans par son mari, « un vieux mâle blanc qui refuse de vieillir » . Il est parti avec une jeunette « du même âge, mais en inversant les chiffres : 26 ans », dit-elle tristement.  Et la sexualité des vielles et vieux ? Un atelier, complet, y est consacré. Certains disent qu’ils ont « fermé la boutique », qu’il reste la tendresse. Mais n’est-ce pas qu’ils ont intériorisé le « déni de sexualité » imposée par la société ? « Comme si le cul des vieux, c’était sale » , balance Francis Carrier, président de Grey Pride et autre co-fondateur du CNaV.

Il y a de la joie à « redonner de la noblesse à la vieillesse » , comme l’exprime Sophie Ferrer-Levesque, de l’association Cheveux gris. Ce qui n’interdit pas de dire, comme l’a fait Michelle Perrot, 95 ans : « Vieillir, c’est pas drôle. Mais essayons d’en profiter quand même ! »

Carine Janin ; Publié dans Ouest France le 19 novembre 2023

https://www.ouest-france.fr/societe/le-salon-qui-redonne-de-la-noblesse-a-la-vieillesse-8b87f390-8629-11ee-9632-b62f00689e79

« Avant j’avais honte, maintenant j’en suis fière» : ce salon qui redonne la parole aux vieilles et vieux

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