Comment bien vieillir quand on est homosexuel(le) : une vaste enquête menée en Occitanie

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Environ un million de personnes LGBT ont  plus de 60 ans. Avec des risques accrus de discrimination et d'isolement en vieillissant.

Ils ont souvent vécu leur homosexualité dans le secret, parfois l'opprobre et le rejet familial et social. Les personnes âgées homosexuelles et LGBT+ de plus de 60 ans aujourd'hui entrent dans une période de leur vie délicate, où ils risquent "de cumuler une double exclusion, sur la base de leur âge et de leur identité sexuelle ou de genre", explique Jean-Marc Blanc, le directeur de l'I2ML qui conduit l'enquête portée par l'Institut méditerranéen des métiers de la longévité (I2ML). Elle doit permettre d'identifier les problématiques et, surtout, de proposer des solutions "pour vieillir dignement".

Des vies invisibles

Exclus par les plus jeunes du fait de leur âge, exclus par les plus âgés du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, "les seniors LGBT+ sont à haut risque d'isolement et d'invisibilité sociale. On estime à plus d'un million le nombre de personnes LGBT+ âgées de plus de 60 ans", précise Jordy Guillet, psychologue social à l'I2ML.

Cette génération a aussi vécu de plein fouet les délétères années sida. "Les vies de couples étaient souvent invisibles, sauf pour les artistes et les militants, les processus de veuvage différents", ajoute Jean-Marc Blanc.

Pas d'enfants, peu d'aidants

La question du bien vieillir LGBT est donc loin d'être anecdotique : la peur de la stigmatisation éloigne du soin et fragilise la santé mentale ; dans une société où l'accompagnement des plus âgés repose sur le réseau familial, les seniors LGBT n'ont pas d'enfant, un réseau d'aidants restreint et souvent aussi vieillissant. Toujours taboue, la sexualité des personnes âgées en maison de retraite, l'est encore plus pour les couples homos.

Isolement et exclusion en chiffres

Les statistiques témoignent  de la stigmatisation dont souffrent les seniors LGBT. Ainsi, 52% des personnes hétérosexuelles de plus de 65 ans se disent choquées lorsqu'elles voient deux hommes s'embrasser et 40% des hommes de 60 à 69 ans considèrent l'homsexualité comme étant contre-nature.

Mais aussi de leur isolement : 65% des seniors LGBT de 60 ans et plus vivent seuls contre 15% pour les non-LGBT de  moins de 70 ans et 55% pour les plus de 80 ans. 90% des seniors LGBT n'ont pas d'enfants (alors que 80% des seniors hétérosexuels ont en moyenne 1,9 enfant). Et 50% cachent leur identité sexuelle aux professionnels de santé.

Un questionnaire en ligne

"En fait, les seniors LGBT+ ne disposent d'aucun modèle qui leur est propre", note Jordy Guillet. Mais la résilience face à la stigmatisation et "la force de la communauté" aident à atténuer les effets de l'isolement et de l’exclusion.

Lancée en début d'année, l'enquête prendra fin en juillet. Un questionnaire en ligne doit permettre aux personnes concernées de dire comment elles perçoivent leur vieillissement. "On a déjà une centaine de réponses, il nous en faudrait au moins 300 sur l'Occitanie", lance Jean-Marc Blanc.

https://www.midilibre.fr/2023/07/03/comment-bien-vieillir-quand-on-est-homosexuelle-une-vaste-enquete-menee-en-occitanie-11305088.php

Voir aussi sur la question de l'habitat des LGBT  l'article "Lesbiennes invisibles : Sortir de l’isolement les femmes âgées par l’habitat partagé entre Lesbiennes et féministes en milieu rural - Romain VACQUIER, Dominique LEFEVRE, Laura BOULIERAC, dans le dossier "Vieilles et citoyennes", POUR 242 mars 2022

Comment bien vieillir quand on est homosexuel(le) : une vaste enquête menée en Occitanie

Publié dans Genre, LGBT, Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article