Vieilles et Citoyennes : on en parle avec Philippe Bertrand dans Carnet de Campagne sur France Inter le 31 mars à 12h30
Le Dossier "Vieilles et Citoyennes" fait son chemin …L'annonce est partagée dans les réseaux comme Linkedin ou Facebook…et tous les réseaux des participants-tes au dossier et autres…
On en parle ce Jeudi 31 mars sur France Inter à 12 h 30 dans "Carnet de Campagne" ; Philippe Bertrand interviewe Or Gris à ce sujet trop rarement abordé, et la question de la participation sociale des vieilles femmes.
"…Vieillir n’est pas neutre, et pose aux femmes des problèmes spécifiques. Elles sont confrontées aux effets conjugués du sexisme et de l’âgisme. Ce dossier analyse en détail les inégalités et les discriminations subies dans la fin de leur vie professionnelle, dans leur retraite, leur santé et leur sexualité.
Au-delà des injustices rencontrées, il est nécessaire de mesurer l’importance de la place qu’elles assument dans le bon fonctionnement de nos sociétés, souvent bénévolement et invisibilisées la plupart du temps. C’est sur elles que repose l’essentiel des responsabilités de la génération pivot, celles d’aide aux enfants, petits-enfants et à leurs propres parents.
Ces "vieilles et citoyennes" sont toujours actives, et très présentes dans le monde associatif, très engagées dans les solidarités territoriales. Elles sont souvent des piliers de projets d’habitats participatifs, innovants et collectifs, dont elles constituent la majorité des utilisateurs.trices.
Inconnues des médias, oubliées des statistiques, elles sont cependant indispensables aux cohésions sociales, ce que montre et démontre ce dossier.…"
On peut se le procurer -version papier- sur le site POUR https://revuepour.fr et/ou le télécharger sur CAIRN https://www.cairn.info/revue-pour.htm
Histoire et déroulement du dossier "Vieilles et Citoyennes ",
pour vous mettre en appétit …
Il y a deux ans, Pour (N°232) publiait le dossier "Vieillir actifs à la campagne", coordonné par l’association "Or gris". Les inégalités entre vieux et vieilles étaient peu abordées dans ce dossier. Or, vieillir n’est pas neutre et souvent, pour les femmes, les inégalités liées au genre s’ajoutent aux problèmes inhérents à l’âge, les effets du sexisme cumulent avec ceux de l’âgisme. De ce constat est née l’idée de ce nouveau dossier consacré, pour l’essentiel, aux spécificités du vieillissement féminin.
Ces dernières années, la parole des femmes s’exprime autours de scandales et de révélations : Elles parlent, les anciennes se souviennent… Parallèlement, le problème du vieillissement prend de plus en plus de place dans les débats, tandis qu’on assiste à une montée de l’âgisme : le combattre est un enjeu mondial.
Ce dossier propose un vaste tour d’horizon, sans doute incomplet mais riche de différents points de vue croisés, ceux d’acteurs-trices aux compétences et engagements très diversifiés.
Le dossier du N °232 commençait ainsi
« Dans le film "Une journée sans Mexicains" de Sergio Arau (2004) … les Mexicains disparaissent de la Californie, tout à coup et sans explication valable. Personne n’avait jamais soupçonné combien de problèmes de plomberie, de fuites de gouttières, de jardins envahis par les herbes, de maisons écroulées, d’ordures accumulées dans les poubelles municipales, d’enseignants manquant dans les écoles et d’infirmières dans les hôpitaux une telle absence pourrait provoquer ». Imaginons qu’en France, de la même façon inexplicable, tous les retraités disparaissent, que se passerait-il ?
Aujourd’hui nous posons cette même question, mais genrée. Que se passerait-il si, du jour au lendemain, toutes les vieilles disparaissaient ? Quid de l’éducation, du care, de l’entraide de proximité, etc. ? Comment fonctionneraient nos sociétés sans ces actions le plus souvent invisibles et non reconnues, mais cimentant la vie sociale et familiale ?
En préambule de ce dossier, nous avons souhaité mettre l’article « "Brind’elles" : vieillir en soliDaires ».
C’est le récit d’une action ordinaire et remarquable, l’histoire d’un groupe de femmes qui contribue, au sein de leur territoire, à créer et renforcer le lien social. Quand ces femmes arrivent progressivement à la retraite, elles restent actives dans le groupe : on n’arrête pas son engagement une fois passés les 60 ans… Si nous avons choisi cet article pour ouvrir le dossier, c’est parce qu’il présente un condensé des aspects positifs : au-delà des stéréotypes, des discriminations, des femmes, vieilles et citoyennes, sont indispensables au bon fonctionnement de nos sociétés, rurales en particulier.
Les stéréotypes sur les femmes âgées sont véhiculés depuis longtemps, comme le montre la perception qu’en a eue Françoise Héritier dès son enfance. Les discriminations de genre se sont superposées aux discriminations d’âge, mais les mouvements féministes n’ont pas intégré la question du vieillissement. Les vieilles femmes ne veulent pas "rentrer dans le rang". Certaines d’entre elles ont vécu 68, elles sont disponibles pour contester, critiquer le jeu social, bref, elles ont « un bel âge pour la révolte ».
L’état des lieux dressé dans la première partie du dossier montre que les discriminations ont la peau dure, comme nous le constatons dans nombre d’études récentes, françaises et internationales, l’évolution est restée bien modeste. Les femmes âgées continuent de se heurter aux inégalités, aux violences comme les féminicides, à la précarité qui augmente… La non-prise en compte du genre, le manque de recueils de données, d’absence d’études dans la plupart des statistiques, rend souvent difficile la mise en évidence de ces phénomènes, et c’est un problème auquel il serait nécessaire de remédier.
La deuxième partie analyse les inégalités dont sont souvent victimes les femmes âgées : dans leur emploi, leur fin de carrière et leur retraite, mais aussi dans leur corps, leur santé et leur sexualité. Si parmi les sénior.e.s le taux d’activité des femmes de 50 à 64 ans est supérieur à celui des hommes, elles sont aussi les plus nombreuses à cumuler emploi et chômage. Mais c’est en observant les pensions de retraite que les inégalités ressortent le plus clairement. Les pensions des femmes, hors réversion, sont aujourd’hui de 41% en moyenne inférieures à celles des hommes. Rien d’étonnant à ce que 70% des allocataires du minimum vieillesse soient des femmes.
La troisième partie met le focus sur la volonté des vieilles de rester actives dans la société : elles continuent à travailler, à s’engager, soit en étant rémunérées, soit en économie informelle, soit à titre volontaire… Certaines poursuivent une activité professionnelle, souvent pour des raisons économiques, poussées par la faiblesse de leur pension de retraite. D’autres choisissent une interruption progressive de leur vie professionnelle. Beaucoup s’investissent dans le bénévolat. Au monde associatif, elles apportent leur expérience, leur enthousiasme. Même si dans ce secteur la répartition des rôles est encore trop genrée, sans ces "vieilles citoyennes" il serait sérieusement appauvri.
La quatrième et dernière partie est consacrée aux questions de l’habitat qui, avec l’âge, reste souvent la préoccupation principale des seniors. De nouvelles formes d’habitat se développent. Souvent des femmes en sont à l’origine, elles en sont toujours les actrices et utilisatrices principales. Impossible d’aborder ce sujet sans évoquer Thérèse Clerc et les Babayagas qui furent parmi les pionnières. Aujourd’hui les initiatives d’habitat participatif se multiplient avec le retour des béguinages, mais toujours avec des principes de démarche collective, participative et solidaire.
Après avoir évoqué avec Oldyssey d’autres expériences dans le monde, c’est Rose-Marie Lagrave qui conclut ce dossier. Parlant de ces luttes qui montrent que la vieillesse reste une classe d’âge mobilisée, elle nous rappelle que « […] ces engagements pallient souvent les carences de l’État en tissant des solidarités, sororités et fraternités, là où les liens sociaux se sont défaits ».