Appeler 5 minutes par jour plutôt qu’une heure par semaine
15 % des 60 ans et plus ne sont pas sortis de chez eux pendant le premier confinement, dévoilaient les Petits frères des Pauvres dans une étude rendue publique en juin 2020. Si l’isolement des plus âgés s’impose de plus en plus dans la réflexion publique, il est néanmoins temps de réinventer les moyens de le contrer.
Après une première étude quantitative publiée en juin dernier, les Petits frères des pauvres et le Cercle Vulnérabilités et société ont interrogé 100 personnes âgées afin d’approfondir « le retentissement à plus long terme de la pandémie COVID-19 auprès de personnes de plus de 60 ans ».
Des entretiens qui ont permis de formuler 8 grands enseignements, et de donner des pistes pour mieux lutter contre l’isolement des âgés.
Le rapport du 31 mars 2021 souligne tout d’abord que « la crise aura des répercussions notables à court, moyen et long-terme ». Il est donc essentiel de la prendre en considération pour mieux adapter les stratégies de lutte contre l’isolement.
Certaines doivent être menée à grande échelle : le rapport indique que « les facteurs socio-économiques et les modes d’habitat ont fortement influencé le vécu de la crise ».
De même, elle a fait émerger la vision très négative de la vieillesse en France, et la faible prise en compte de la santé psychique dans le parcours de soins (même si des mesures commencent à être mises en place NDLR).
Il est donc essentiel de lutter contre l’âgisme, de repenser les solutions de logement pour les plus âgés, de revoir les droits et les aides qui leur sont accordés.
Mais il est aussi possible d’agir à échelle locale et individuelle. L’étude des Petits frères des pauvres précise dans ses enseignements 8 à 10 que :
- Les solidarités citoyennes se sont estompées depuis le premier confinement.
- La socialisation est essentielle dans le quotidien des personnes âgées.
- Le lien à distance ne peut pas remplacer le lien social dans la vie réelle.
- Le lien social est déterminé par la fréquence des contacts.
Mieux vaut, donc, appeler une personne isolée – ou mieux, aller la voir ! – cinq minutes par jour qu’une heure par semaine.
Se sentir objet d’inquiétudes, tel que l’évoque Marie-Rose, octogénaire vivant en résidence dans la région Grand Est, de soucis, voire de peur de la part d’autrui, à travers notamment la répétition des appels et des expressions de bienveillance (« fais bien attention à toi », « prends soin de toi »), a largement marqué les personnes interrogées. La répétition des contacts téléphoniques constitue ainsi à leurs yeux la manifestation d’un attachement, d’un lien existant, et un indicateur de l’importance que leurs proches leur attache. C’est chez ceux ayant une fréquence d’appel supérieure à trois fois par semaine que l’impression d’un lien étroit s’apprécie significativement.(Rapport Isolement des personnes âgées : les impacts de la crise sanitaire, page 112)
Un acte qui ne doit pas devenir un service payant, alertent les Petits frères des pauvres, pour qui « le maintien et la construction du lien social comme une mission essentielle des acteurs publics sur les territoires ».
A noter : de nombreuses associations, dont les Petits frères des pauvres, proposent des appels de convivialité. Voir la liste des associations