EN ROUTE POUR VALORISER LES « MÉTIERS DU LIEN »… ENFIN
Aides à domicile, assistantes maternelles, animatrices en maison de retraite ou périscolaires, accompagnantes… ces métiers majoritairement occupés par des femmes doivent être valorisés préconise un rapport parlementaire cosigné LFI /LREM.
« Il nous faudra nous rappeler que notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal » avait dit le président de la République au plus fort de la crise sanitaire, quand les « invisibles » et les métiers invisibles, majoritairement occupés par des femmes, étaient enfin pris en considération. Alors « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon » a dit de député La France Insoumise François Ruffin. Il présentait, mercredi 24 juin, un rapport parlementaire concocté avec le député LREM Bruno Bonnell. Une union « improbable » qui marque une étape importante : le sujet du travail de soin que les députés ont appelé « métiers du lien » entre enfin en politique. Et il est urgent de prendre des mesures concrètes.
François Ruffin, en présentant le rapport, a commencé par un exemple : Martine à Abbeville auxiliaire de vie commence sa journée à 8 heures, chez une personne âgée qu’elle va aider à faire sa toilette, elle va ouvrir les volets, préparer le petit déjeuner, tout ça en une demi-heure. Puis elle va enchaîner chez quatre autres personnes, puis faire des déjeuners. Grosse coupure de deux heures trente puis elle recommence et va fermer les volets chez les personnes qu’elle aide… ceci jusqu’à 21 heures. A la fin du mois, environ 800 euros. Un temps de travail très long, 12 heures d’amplitude horaire. Elle travaille le samedi et 2 week ends sur trois. Elle est payée à la tâche sans tenir compte du travail qu’implique l’accomplissement de cette tâche. « C’est comme si, pour un parlementaire, on comptait seulement le temps de travail au micro» compare François Ruffin.
Lutte féministe, sociale, écologique
Pour ce rapport, les députés ont examiné quatre métiers : assistant.e maternelle, auxiliaire de vie sociale, accompagnant.e d’enfants en situation de handicap, animateur.trice de vie scolaire. Des « métiers du lien »qui ont le lourd handicap de correspondre à des travaux qui ont été et sont encore souvent accomplis gratuitement par des femmes. Et donc, dans l’inconscient collectif, ils ne méritent pas d’être payés correctement. Alors Ruffin l’affirme : « c’est une lutte féministe, c’est une lutte sociale, c’est une lutte écologique »
Les deux députés font 43 propositions pour améliorer les conditions de travail et l’image de ces « métiers qui permettent de tisser du lien du berceau à la tombe ».
Des métiers, qui pourraient représenter quelque deux millions d’emplois d’ici 2040, ont en commun « d’être essentiels au vivre-ensemble mais d’être, paradoxalement, fortement précarisés », écrivent-ils. «…les rémunérations y sont extrêmement faibles, les formations continues insuffisantes et les conditions de travail très souvent pénibles, tant sur le plan physique que psychique » poursuivent les deux députés. Le comptage des heures est complexe, les journées de travail fragmentées et les temps partiels subis sont la norme.
Pour rendre ces métiers plus attractifs, ils proposent par exemple pour les aides à domicile, de mieux rémunérer les déplacements et de fixer un minimum d’une heure d’intervention à domicile pour les publics fragiles. Ils proposent aussi qu’elles soient « inscrites dans les répertoires nationaux des professions de santé » et qu’elles aient « le même niveau de priorité pour l’accès au matériel de protection, et la possibilité de disposer d’une carte professionnelle et d’un macaron professionnel pour leur véhicule ».
Pour les assistantes maternelles, ils proposent qu’elles puissent travailler avec quatre agréments, c’est-à-dire de pouvoir garder quatre enfants. Un doublement de leur formation initiale pour offrir plus de perspectives est aussi évoqué.
Pour les accompagnantes d’enfant en situation de handicap (AESH) et les animatrices du temps périscolaire, ils envisagent de revoir la grille indiciaire et de leur permettre un statut « plus protecteur » en les intégrant à la fonction publique territoriale ou à la fonction publique d’État.
Aujourd’hui, ces métiers sont une délégation de service public, confiée aux communes ou aux départements avec quasiment autant de statuts différents que de collectivités locales. Il faut donc encadrer statut, salaire horaires…
Le rapport a été adopté à l’unanimité par la commission des affaires économiques. Les propositions qu’il contient ont encore un long chemin à parcourir pour devenir des lois.
Ecrit par Camille Saint-Cricq 26 juin 2020, dans LES NOUVELLES NEWS
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