Un Vieux peut en cacher un autre

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Quid de cette multiplication des tribunes, appels et positions sur les vieux ? 

Interpellé sur les multiples débats et tribunes concernant les seniors Or Gris fait le point, cherche à se positionner. Après examen des résultats et des textes, nous livrons réactions et propositions.

Comme souvent, ces démarches sont centrées sur le médical , le médico-social , les Ephad et s'adresse prioritairement aux soignants et aux aidants. On ne trouve pas beaucoup de seniors eux-même, mais on présente ce qu'il faut faire pour eux…

Prenez connaissance de ce texte fonction de ce que vous avez vécu, de ce qui s’est passé autours de vous

Réagissez, commentez, illustrez… nous veillerons à mettre cela en commun, construire des projets en réseau… 

 

 

Après les états généraux de la seniorisation avec Véronique Suissa, Serge Guérin et Phillipe Denormandie aux commandes, Jérôme Guedj et Luc Broussy qui se sont lancées dans une tribune collective au Monde signée par 151 personnes, intellectuels, politiques associatifs, syndicalistes, une tribune plutôt internationale dans ouest France, sans doute initiée par Marie de Hennezel, une autre tribune/opinion dans les Échos…

Il faut tirer les leçons de la pandémie, fournir de la matière à la prochaine loi  « grand âge et autonomie »mobiliser les soutiens… Ces travaux, ces tribunes, s’appellent « Seniorisation, Longévité… », etconcernent prioritairement les vieux en perte d’autonomie, souvent en EPHAD : dispositifs de bonne prise en charge par les services de santé, etc. C’est une principalement une démarche médicale et gérontologique de bonne prise en charge, curative plus que participative. On peut y voir des ouvertures essentielles : habitat, inter-génération, intégration de seniors dans les chantiers qui les concernent (gare aux seniors potiches !! », on y reprend des propositions concrètes intéressantes. Un peu éloigné de l’action, parfois  incantatoire…

C’est un gros travail, exemplaire, une forte et large mobilisation…

Mais, peu de seniors ordinaires, de seniors gilets jaunes des carrefours, de vieux de la base, peu de ces initiatives locales qui nous ont épaté…Ou sont-ils ?

 

            Un senior peut en cacher un autre ; et si on s’occupait de tous seniors ?

L’assimilation répétée entre vieillissement, longévité et perte d'autonomie devient fatiguant. Les seniors sont les retraités, personnes âgées. 90% d’entre eux elles vivent à leur domicile, elles sont actives, ont un rôle et une utilité sociale essentiels bien que peu reconnus. C’est bien de s’occuper de 10% d’entre eux, mais il serait temps de voir ce que font les autres.

La crise du Covid19 les a cloués chez eux, a renforcé l’âgisme ambiant, les a fait assimiler à la population en EPHAD ; l’image du vieux fragile leur colle à la peau : Rentrez chez vous (plus que les autres), ne venez plus aux activités bénévoles (on a recruté des jeunes), on vous protège…Mais ils sont vivants !!!

Et si on se penchait un peu sur ceux-là, nos ressources, notre mémoire…

Et puis, Or Gris travaille sur les territoires ruraux, difficiles à repérer dans les travaux et les tribunes. Le vieillissement est un champ large.

Voir en illustration : Les trois âges de seniors, adapté des travaux du CESE, pour les seniors en milieu rural

 

De fait on se préoccupe toujours de la troisième catégorie. Le discours politique et médiatique actuel assimile tous les « vieux » à cette catégorie, et la société suit !!! Curieuse démarche pour « changer l’image du vieillissement dans la société » 

Mais moi, je suis vieille, comme partie des signataires des tribunes, des experts et personnalités des débats. Nous, seniors vivants et actifs sommes stigmatisés par cet âgisme renouvelé, 

 

       Et si on trouvait des soutiens, des partenariats d’experts plus paritaires ?

pour ne pas sombrer dans le : "ils pensent, elles pansent"

41 femmes sur 150 signataires de La Tribune du collectif Broussy/Guedj

4 femmes sur 19 membres du comité de pilotage des États Généraux ; 17 femmes sur les 56 experts et contributeurs.

Dans tous les cas, une photo de groupe serait très parlante.

On ne va quand même pas fonctionner comme les politiques !!!

 

       Et si on examinait de plus près la fracture numérique ?

Si un grand nombre de seniors a fait des avancées considérables en maniement des outils de communication, de l’internet, des tablettes, etc.

Pour d’autres le fossé s’est creusé dramatiquement, accentuée pour les ruraux âgés en zone blanche ou grise : difficulté d’accès et non maniement de l’outil…

L’illectronisme des seniors, particulièrement en milieu rural reste important, surtout quand la formation ne peut être assurée. Les services publics de base, la télémédecine ne peuvent être rendus, malgré les progrès progrès rapides et remarquables (voir https://www.senat.fr/rap/r07-468/r07-46817.html)

 

     Et si on parlait de la démarche territoriale ? des démarches participatives ? …

Quid de l’importance de la proximité ? On trouve peu de monde, l’AMRF est bien seule…pourtant, c’est avec des initiatives de proximité que le vieillissement se passe les mieux

 

 

Quoi faire ?

Les travaux des États Généraux, Tribunes collectrices de soutiens, sont en marche et font un travail remarquable, et c’est bien, cela donne des billes pour la loi Grand âge, ne mêlons pas systématiquement ces démarches à la notre 

Pour nous et les volontaires, mettons-nous en chantier sur les 90 % restants : seniors actifs, seniors qui s’engagent, qui font. Leur montrer que la retraite est une nouvelle vie, qu’ils ont une utilité sociale, qu’ils sont créatifs et professionnels…

Travaillons mieux le passage à la retraite, leur fonction d’acteur et de citoyen, de mémoire et d’expérience…, C’est en leur permettant d’être ce qu’ils sont que l’on effectue la meilleure prévention, pour continuer à vivre pleinement, selon ses choix.

 

   A - Repérer les initiatives seniors locales remarquables et/ou qui ont émergé dans la période : 

Menées par les seniors, avec les seniors, pour les seniors. Les repérer, les valoriser, les partager montrer que c’est possible…Donner envie de faire, montrer que c’est possible

: Ces initiatives sont multiples, de proximité, innovantes : prendre soin des ainés plus âgés, se rencontrer, fabriquer de masques, faire de l’écoute, appuyer les entreprises, accompagner les jeunes en formation …

Faire un inventaire, des actions de seniors personnes ressource, en intergénérationnel : Une data banque de pratiques émergentes de voisinage et de solidarité ; comment les conserver, les démultiplier

Voir le document à la suite, à « ce que font nos vieilles, nos vieux »

  B - Renforcer la lutte contre l’âgisme en incluant aux les 90% de seniors « actifs »
Trouver les démarches qui donnent une valeur aux initiatives seniors, leur donne une identité sociale, les persuader eux même de leur utilité sociale. (suite au repli et à la crainte provoquée par la pandémie) Des seniors acteurs, jusqu’au bout.

Des démarches pour leur redonner confiance en eux, reconnaître qu’ils sont vivantsresponsables d’eux même et libre de choisir leurs engagements, leurs modes de vie. 

Bref, en complément des États Généraux et des Tribunes, élargissons les échanges, faisons le point de ce qui s’est passé, de ce qui a changé…

     C – Mobiliser les seniors actifs volontaires contre le chômage

Que pouvons- nous faire, en tant que vieux encore relativement actif, pour soutenir, accompagner, aider les victimes de cette vague du chômage de masse qui arrive ? 

S’organiser avec d'autres vieux actifs pour mettre en commun nos moyens, intellectuels et matériels, nos compétences et nos réseaux et les rendre collectivement disponibles et utiles pour les chômeurs qui vont vivre à côté de nous, sur nos territoires ?

Des ONG françaises existent qui sont sans doute déjà capables de répondre à ces questions : Solidarités nouvelles face au chômage, ECTI, OLD'UP, OR GRIS, TZCLD, l’Outil en main, TIGRE et bien d’autres peuvent et doivent mettre leurs compétences au service de cette cause : ce sont des ressources qui ont déjà fait leurs preuves, prêtes à agir à leur niveau des ressources à mobiliser…(sur une idée de Hughes de Varine…)

Il est temps de passer à l’action, de ne pas nous laisser enfermer dans notre fragilité

 

Un Vieux peut en cacher un autre

Ce que font les seniors

 

Les « aînés » sont des hommes et des femmes semblables à leurs cadets, des citoyens comme les autres, avec les mêmes droits. Point barre 

La vieillesse est très diversifiée : nous ne devrions pas dire pas dire

 « La Vieillesse », mais « Les Vieillesses », 

et nous positionner selon cette diversité pour un vieillesse citoyenne!!

Alors regardons de plus près la contribution des aîné-e-s : 

Les aîné-e-s ont une fonction sociale essentielle. Ils apportent leur participation dans tous les domaines de la vie des territoires, ils ont vrai pouvoir d’agir.

Les aîné-e-s administrent la vie locale : 62% de nos 34 500 communes sont administrées par un maire de plus de 60 ans dont 42% de retraités. Ils sont élus démocratiquement, reconnus, acteurs premiers dans la vie citoyenne et politique. Ils sont très sollicités dans les communes pour le Covid19…

Les 15 millions de grands-parents sont soutien de famille : prise en charge des petits enfants pour les journées sans école, les vacances scolaires ; ils sont aidants pour leurs propres parents, soutien financier dans les périodes de chômage, accueillants pour les Tanguy…Ils entretiennent la maison familiale pour toute la famille.

Les aîné-e-s sont des aidants de proximité vigilants : Ils accompagnent un voisin à l’hôpital, un proche handicapé dans un centre spécialisé. Aidants bénévoles, 4,5 millions de retraités assurent environ 20 heures par semaine de « Care » bénévole.

Les aîné-e-s sont des appuis éducatifs : Pour enfants, individuellement ou à travers des associations, ils font du soutien scolaire aux écoliers en difficulté, leçons, devoirs, citoyenneté … (ex : Lire et faire lire, l’Outil en main …)

Les aîné-e-s accompagnent les jeunes dans leurs démarches vers la formation et l’emploi. Ilsparrainent, transmettent, conseillent, gèrent, consolent en tant que mentors, bénévoles professionnels ou parrains et assurent l’accompagnement de la formation, de la recherche d’emploi et de la création d’entreprise. ; ils sont transmetteurs de savoir-faire et de mémoire, témoins de ce qu’ils ont personnellement vécu…  (ex : ECTI, Égée, AGIRabcd, etc…)

Les aîné-e-s sont majoritaires parmi les bénévoles de l’aide aux populations marginalisées : Mais aussi, visiteurs de prison, aide aux migrants, jeunes sans papiers : toutes les populations en difficultés questions alimentaires, pauvreté, etc. (ex : Restos du Cœurs, Secours Catholique, CCFD, etc…)

Les aîné-e-s sont acteurs dans de nombreuses initiatives relatives aux questions alimentaires. Ils animent des épiceries solidaires, des jardins partagés, des potagers intergénérationnels, participent activement aux nouvelles façons de produire et de distribuer …

Les aîné-e-s participent aux initiatives d’habitat : intergénérationnel, coopératif, inclusif, maisons partagées, etc…Ils entretiennent la résidence familiale pour y accueillir enfants et petits-enfants durant les vacances.…

Les retraité-é-s sont les principaux acteurs de l’économie résidentielle, dans les territoires ruraux. Ils sont à la clé du développement de nombreux services à la personne, souvent initiés par eux même.

Les retraité-é-s participent à la vie artistique et culturelle : ils écrivent leurs mémoires, réfléchissent et transmettent leur expérience ; ils se mettent à la création artistique, ils écrivent des romans, de la musique, en jouent, chantent, dansent et transmettent des formes artistiques et culturelles populaires ou savantes qui, sans eux, risquent de disparaître. 

Les retraité-é-s s’engagent dans les luttes écologiques, plus pour les générations montantes que pour eux même : Nous ne devons pas laisser un monde comme celui-la à nos enfant (ex : Grands Parents Européens…)

Et puis souvenons-nous que nombre de gens dont les actes et les paroles comptent, des chefs d’entreprises aux artistes en passant par des intellectuels internationalement reconnus, ont plus de 65 ans. Que serait notre pays si toutes ces voix, ces œuvres, ces compétences étaient maintenues hors jeu social

Ils sont déjà là, ils font ; pourquoi bloquer leurs initiatives ? 

Ils sont mobilisés ; ils sont prêts à agir, ils le font actuellement en temps de confinement : on ne tient pas compte de l’âge quand on fait appel à la réserve sanitaire, appel aux médecins, infirmières, soignants. Ils sont déjà en action et volontaires dans de nombreuses initiatives

Pourquoi devrait-on les traiter différemment lors du déconfinement ? Les seniors volontaires ne sont-ils pas, une sorte de réserve "fraternelle", qui serait par exemple celle des personnes habilitées à se rendre chez les personnes seules et isolées, et continuer le travail réduit au plus strict nécessaire des travailleurs sociaux et aides médicales…

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B
Bonjour, Oui vous avez raison de souligner que nous traversons une époque de grandes discussions liées à la crise sanitaire, éthique et sociétale relative en particulier aux établissements pour personnes âgées. L'immense difficulté sera, une fois de plus, d'être capables de consulter tout le monde et d'écouter tout le monde. Un vrai défi démocratique.
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