Vieillissement de la population au Maroc : Y a-t-il encore une vie après 60 ans ?

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Pour sa première activité officielle, la ministre de la Solidarité, du Développement social, de l’Egalité et de la Famille, Jamila El Moussali, a présidé le 15 octobre 2019, la cérémonie de présentation du rapport 2018 sur les personnes âgées.  Le constat  qui y est établi est alarmant.

La cinquième campagne nationale de protection des personnes âgées au Maroc a été lancée le 1er octobre 2019. Elle se poursuit jusqu’à la fin du mois en cours. L’occasion de porter un nouveau regard sur la vieillesse au Maroc et tenter d’apporter les réponses adéquates pour alléger les souffrances de cette frange de la population qui souffre en silence. Dans ce cadre, le rapport sur la situation des aînés au Maroc, élaboré par l’Observatoire national des personnes âgées, a émis une série de recommandations. Toutes ont versé dans le sens de l’amélioration des conditions de vie de cette partie de la population.

A la recherche de la joie de vivre

D’emblée, le rapport a préconisé de placer les questions en lien avec les personnes âgées au cœur des politiques publiques et du nouveau modèle de développement. L’accent a été ainsi mis sur la nécessité de mettre en place des mesures nécessaires pour lutter contre toute forme de négligence ou de maltraitance dont sont ou pourraient être victimes les personnes âgées dans notre pays. En outre, il a été recommandé de créer un fonds spécial de soutien financier à cette frange de la population, ainsi que la mise en place de cartes pour personnes âgées, permettant la simplification des procédures administratives et l’accès à d’autres prestations à des tarifs préférentiels comme c’est le cas dans les pays les plus développés, la France comme exemple.

S’agissant des services de santé, le rapport a appelé le gouvernement à se focaliser sur le renforcement de la protection médicale pour les personnes âgées, à travers un accès plus souple aux prestations sanitaires, le soutien durable à la protection sociale et la promotion d’une assurance santé au coût abordable, en plus de la généralisation des services hospitaliers en gériatrie. En ce qui concerne la protection sociale, le rapport a insisté sur l’importance de mettre en place une assurance financière sous forme d’une pension pour les personnes âgées. En outre, il a été recommandé de faciliter et développer l’accès aux soins à domicile et aux services de proximité, d’apporter des moyens d’assistance aux veuves âgées et aux femmes âgées non mariées. Les auteurs du rapport sur les personnes âgées ont également appelé à lutter contre les stéréotypes fondés sur l’âge, examiner les moyens de transférer les expériences des personnes âgées aux générations futures, et élaborer des programmes de sensibilisation des familles à l’importance de prendre soin des personnes âgées.

Lors de la présentation du rapport 2018 sur la situation des personnes âgées au Maroc, la ministre de la Solidarité, du Développement social, de l’Egalité et de la Famille, Jamila El Moussali, a indiqué que l’amélioration du quotidien des personnes âgées au Maroc, nécessite d’abord et avant tout, une connaissance approfondie de la situation de ces personnes, par le biais de l’adoption de nouveaux indicateurs pour mesurer le degré de dépendance des personnes âgées et leur capacité de contribution au développement économique du pays.nbnv

Pourquoi il ne fait pas bon vivre au Maroc

Au Maroc, les personnes âgées éprouvent un malaise profond. Nul ne peut occulter cette réalité amère. Mais pire encore, les Marocains d’un certain âge se retrouvent aujourd’hui privés de leurs droits les plus fondamentaux, eux qui ont passé toute leur vie à trimer. Ils croyaient qu’une fois atteint l’âge de la retraite, ils allaient enfin pouvoir profiter du temps qu’il leur reste à vivre. Or, la réalité est bien cruelle. Sur le plan médical, la plupart des aînés ne bénéficient d’aucune couverture médicale. Les statistiques le prouvent, seules 14% d’entre eux bénéficient de l’Assurance-Maladie Obligatoire (AMO) et 12% seulement profitent des prestations octroyées dans le cadre du Régime d’Assistance Médicale (RAMED). Par conséquent, les personnes âgées atteintes de maladies chroniques n’accèdent pas aux soins de santé. Sachant que 64% des personnes âgées au Maroc vivent avec au moins une maladie chronique. Ce qui aggrave encore plus la situation c’est que la plupart des personnes âgées n’ont pas de pension de retraite. Seulement 30% des personnes âgées de plus de 60 ans ont une pension de retraite. Quant aux structures d’accompagnement dédiées à cette composante de la société, le pays n’en compte que 54, dont des maisons de retraites qui accueillent 5.723 pensionnaires.

Au Maroc, les personnes âgées représentent près de 3 millions de personnes, dont près de 52% sont des femmes. Dans un rapport datant de 2015, le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), avait pointé du doigt  l’inégalité hommes femmes qui contribue à ce que les femmes âgées soient les plus exposées à la précarité économique, aux difficultés d’accès aux services sociaux et à l’absence de protection sociale et médicale. 72% des personnes âgées sont analphabètes, la plupart ont un revenu très bas.

A partir de l’âge de la retraite, il est constaté que dans certains pays développés, il est plus facile de vieillir. Les soins médicaux sont à la portée, les services à domicile sont disponibles et les pensions de retraite sont plus intéressantes. Avec une pension de retraite minimale fixée à 1.500DH, on ne peut vraiment pas dire qu’au Maroc, il fait bon vieillir.

Mohcine Lourhzal

https://www.lereporter.ma/dossier/vieillissement-de-la-population-au-maroc-y-a-t-il-encore-une-vie-apres-60-ans/

Vieillissement de la population au Maroc : Y a-t-il encore une vie après 60 ans ?

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