Marpa-École : Un modèle du vivre ensemble unique

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Depuis 2015, une petite révolution agite le bourg de Souvigny-de-Touraine : les élèves d’école primaire et les personnes âgées de 60 ans et plus sont heureux de partager un même quotidien. Et la révolution en question porte le nom de Marpa-École, un établissement unique en France où chaque jour cohabitent pour leur plus grand bonheur petits et grands-parents. 

Pour revenir sur cette aventure qui mêle les générations, une soirée-débat a été organisée le 20 mai dernier aux Ateliers Varan, dans le 11e arrondissement de Paris, par la MSA et la FNMarpa, en présence de partenaires, d’élus et d’acteurs engagés dans les questions du grand âge. À cette occasion, le documentaire de Julie Benzoni, « Vivre ensemble »,réalisé en 2018, a été projeté. 

Voir le film de Juliette Benzoni :https://www.dailymotion.com/video/x74vsim

C’est l’histoire de 22 papys et mamies réintégrés dans le tissu social par le simple contact d’écoliers. Deux fois par semaine, ils déjeunent ensemble autour d’une grande table ronde. 
Le repas est quasi familial. Les discussions vont bon train. On parle de choses et d’autres. 
Des petits soucis ou des grandes joies. On confie certains secrets et on en réserve d’autres pour une prochaine fois. On prend rendez-vous pour se retrouver encore. 
Le matin, on confectionne ensemble des gâteaux en suivant méticuleusement la recette 
car c’est le goûter que l’on prépare. On compte s’en régaler à 16 heures. Une fois par mois, 
le mercredi, les nounous viennent avec les enfants qu’elles gardent. C’est une heure et demie de fête autour de ces petits bouts de choux. Des moments de tendresse inoubliables 
qui réveillent des souvenirs. Celui des petits-enfants vivant trop loin. On a comme l’impression de les retrouver. Une joie immense électrise le corps et la tête.
De nombreuses autres activités sont proposées dans ce lieu, comme les séances de dictées en classe avec le professeur ou les jeux de société. Chaque fois, chacun est libre de participer comme il l’entend : il n’y a pas d’obligation, ce qui rend l’interaction authentique.
Les choses se font ensemble parce qu’on en a envie.  
Ceci n’est pas un conte de Perrault. Ni une utopie. Ce lieu où des personnes âgées continuent de vibrer existe bel et bien. Il s’agit de la Marpa – École, un établissement qui abrite sous le même toit, une maison de retraite comprenant 22 appartements, accueillant des retraités locataires non dépendants de 60 ans et plus et une école primaire (du CE1 au CM2). 
De ce concept intergénérationnel original, qui a vu le jour en 2015, dans le village 
de Souvigny-de-Touraine, en Indre-et-Loire, la réalisatrice Julie Benzoni a fait un documentaire en 2018, sous le titre évocateur : Vivre ensemble, une évidence pour ce lieu 
hors du commun où l’on vieillit et grandit bien ensemble. La soirée, après la diffusion du document, a donné l’occasion de revenir sur cette aventure humaine 
(cf. encadré ci-dessous)
, de détailler le principe des Marpa (cf. 
le dossier complet sur les Marpa) et d’inscrire la création de ces résidences autonomie dans la panoplie des solutions innovantes à proposer dans la prise en charge des personnes 
âgées

Petite histoire de la Marpa-École

L’idée de cette résidence intergénérationnelle a germé en 2008 sur une initiative de Laurent Borel, maire de Souvigny-de-Touraine et vice-président de la communauté de communes du Val d’Amboise. En 2011, la première pierre est posée. La structure ouvre ses portes le 1er septembre en 2015, à la rentrée scolaire. Une dizaine d’années a été nécessaire en raison du coût financier et des obstacles administratifs. La gestion de l’établissement est confiée à une association loi 1901. La première année a été difficile, avec tout juste trois résidents. Avec l’arrivée en juin 2016 de l’actuelle équipe, tout un travail d’information est mené auprès des habitants qui ne connaissaient pas les structures Marpa. Plusieurs mois plus tard, grâce au soutien sans faille de l’ancienne directrice MSA, Madame Depardieu, les craintes sont dissipées. Et « le 14 février 2017, les 22 logements étaient pris »,raconte la directrice, Françoise Dubois. Côté fonctionnement, pas de secret : « Pour que ça fonctionne, une très bonne gestion et une équipe interne qui se donne au quotidien. » Le résultat se mesure chez les locataires, tous heureux : « Ils sont chez eux. Chacun a son appartement. Ce sont des petits T1 ou T2 pour les couples. » À tous ceux qui souhaitent venir visiter la structure, Françoise Dubois adresse ce message très engageant : « Nous sommes très enthousiastes et très fiers de montrer notre établissement. Ce n’est pas du cinéma. Voir le bonheur des résidents, c’est la réalité au quotidien

L’association qui monte

Déjà, 200 Marpa ont poussé dans toute la France, malgré la complexité de leur création, comme la contrainte de passer par un appel à projets pour en créer une sur son territoire, lequel dépend du Conseil départemental (cf. encadré ci-dessous). Et ce n’est pas le seul obstacle. S’y ajoute le coût exorbitant du foncier dans certaines zones. Le centre de Paris est inaccessible à cause du prix excessif de l’immobilier. Cependant, sept Marpa ont été implantées en île-de-France, en proche banlieue. Un projet Marpa-Crècheva par exemple bientôt voir le jour en Val-d’Oise. 

Le défi de l’accompagnement du grand âge 

Le pays compte 1,5 million de personnes âgées de plus de 85 ans. En 2050, ce sera 5 millions. Répondre au défi du vieillissement de la société est urgent. Plus personne ne l’ignore. Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, qui prépare un projet de loi dépendance pour cet automne, l’a rappelé dans son discours du 28 mars dernier, prononcé lors de la remise du rapport Dominique Libault sur la concertation Grand âge et autonomie. « Il y a urgence à libérer les personnes âgées du sentiment d’être un fardeau pour leurs proches, et de l’insoutenable culpabilité qui l’accompagne ». Et « à ne plus condamner aucun de nos aînés à une solitude qui tue plus sûrement encore que le vieillissement du corps »,a-t-elle affirmé.  
La question sociétale appelle donc des réponses adaptées à l’accompagnement du vieillissement des personnes, qui doivent trancher avec les pratiques habituelles, contestées ces derniers temps. Aux solutions de santé, d’accompagnement des personnes âgées dépendantes, de logement, il faut « mettre en place collectivement la fonction présentielle ou autrement dit le lien »,a souligné Frédéric Laloue, directeur adjoint de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), présent à la séance et conquis par la Marpa-École« Je trouve que ce lien est assuré de manière très frappante, très signifiante, très intéressante par ce lien avec les jeunes enfants » a-t-il précisé, se déclarant partant pour visiter la Marpa-École.Dans le film, Jean, l’un des résidents, a retrouvé une seconde jeunesse grâce à la relation avec les enfants. « Le problème des maisons de retraite, signale-t-il, ce sont des vieux qui voient d’autres vieux mourir. La Marpa-École vous laisse en contact avec la jeunesse, avec la vie de tous les jours. »

Faire preuve d’imagination pour trouver des solutions permettant de bien vieillir à un prix raisonnable, c’est toute l’action menée par la MSA depuis plus de trente ans, avec la mise au point de ce concept des Marpa un label de qualité qui gagne à être connu et même étendu partout dans le pays. Françoise Dubois, directrice de la Marpa-École, n’a pas hésité à emboîter le pas de Patricia Saget-Castex, la présidente de la fédération national Marpa (FNMarpa), pour lancer au public une invitation à venir visiter l’établissement, afin de se faire une idée et de juger sur pièce cette solution à taille humaine, apportée à la question de l’accompagnement des gens âgées. Alors chiche, on y va ? (Voir le dossier complet sur le site BIMSA)

https://lebimsa.msa.fr/services/marpa-ecole/

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