La liste de leurs envies
C’est l’histoire d’un groupe de retraitées (ou proche de l’être) devenu un groupe de copines. En un mois, elles se sont retrouvées à cinq reprises dans les locaux de la MSA de Villemandeur, dans le Loiret, et souhaiteraient que cela continue.
Les dix femmes viennent de Montargis, Saint-Germain-des-Prés, ou plus loin, de Malesherbes, et ont pour point commun de s’inquiéter sur la façon d’occuper leurs futures journées de retraités. « Ça peut paraître un peu flou au début », confie l’une d’entre elles. Une situation que connaissent de nombreuses personnes en fin de carrière professionnelle. Alors, pour y voir un peu plus clair sans plisser les yeux, les élus de la MSA Beauce Cœur de Loire et les travailleurs sociaux de la caisse ont réfléchi à une solution : « Nous avons mis en place une pièce de théâtre d’improvisation sur le thème de la retraite, explique Rachel Maulny, assistante sociale de la MSA. Lors de la représentation, nous avons évoqué l’initiative Temps d’envies et proposé aux personnes présentes de s’y inscrire. »
En s’attardant plus sur l’aspect psycho-social que sur l’aspect pratique de la « deuxième vie », la nouvelle action attire immédiatement les participants. Un premier groupe se retrouve en mai, tandis qu’une liste d’attente impose une seconde session d’une dizaine de personnes dès le mois de septembre : « Nous avons eu beaucoup de demandes dès le lancement, se souvient Rachel. Cela témoigne d’un réel besoin de la part des retraités et futurs retraités. » À l’inverse du premier groupe qui se composait uniquement de retraités, plusieurs actifs font partie du second.
Temps d’envies s’articule autour de cinq modules : les présentations, mes envies, mes projets, mieux connaître mon sommeil, comment transmettre mon patrimoine et le bilan de fin de parcours. Et, si l’animation générale est confiée à Rachel, des intervenants extérieurs viennent appuyer les ateliers : « Nous avons fait appel à un notaire pour les questions de successions et à une coach pour évoquer les projets des participantes », détaille l’assistante sociale.
Dès le début, les dix femmes ont été bousculées grâce à un exercice de présentation original. Chaque personne choisit une carte avec un dessin pour illustrer sa conception de la retraite et explique son choix. Très vite, les participantes s’ouvrent et les histoires s’étalent devant la bienveillance de tous. Michèle est une solitaire. Elle aime bien parler avec les gens mais ne va pas franchement à leur rencontre. Elle ne s’en cache pas mais avoue que c’est parfois difficile. Lors du premier module, elle choisit une carte encombrée de livres où les lignes symétriques des bibliothèques se croisent : « Je suis quelqu’un d’assez droit et j’aime beaucoup les livres, raconte-t-elle. Aujourd’hui, c’est un dessin coloré avec des gâteaux qu’elle présente aux autres : « J’ai du mal à analyser mon choix. Je l’aime bien cette carte mais je ne sais pas pourquoi. Elle est gaie. Peut-être que je comprendrai plus tard. »
La retraite, c’est Carpe Diem
De l’autre côté de la table, Marinette montre sa carte où un cheval traverse la mer : « Pour moi, ça peut représenter ce passage de l’activité à la retraite. Et puis, ce cheval m’évoque la liberté. J’ai toujours voulu en faire mais mes parents n’avaient pas les moyens. C’est peut-être le moment. La retraite, c’est Carpe Diem pour moi. » L’exercice est concluant et montre qu’entre la hâte et l’appréhension, la frontière peut être mince. Mais quel soulagement pour ces femmes d’être moins seules face à cette angoisse : « On se sent libre de parler et ça fait du bien de voir que d’autres personnes ont les mêmes inquiétudes », confie Michèle. Libre aussi de parler sans crainte de choses plus pratiques avec le notaire invité au module sur le patrimoine.
Chaque participante pose des questions sur sa situation personnelle. Dans le contexte particulier de Temps d’envies, le formalisme du cabinet de notaire disparaît pour laisser place à une parole libérée. « On a parfois l’impression que ces personnes nous prennent de haut mais là, pas du tout. Il n’y avait pas de tournures de phrases et de mots compliqués. C’était très bien », se souvient Nicole, encore salariée mais déjà préoccupée par l’après. C’est d’ailleurs son employeur qui lui a proposé — ainsi qu’aux autres personnes approchant de la retraite — de participer à ces modules. Une démarche saluée par Rachel Maulny qui encourage toutes les entreprises à faire de même : « Qu’un employeur se soucie de la retraite de ses salariés est très important. Nous allons essayer de continuer à nouer des relations avec d’autres sociétés pour que cette démarche devienne naturelle. »
À l’heure du bilan, les dix participantes semblent ravies. Temps d’envies leur a permis d’éclaircir certains aspects de la retraite et de recentrer leurs envies, même si certains modules ont rencontré moins de succès que d’autres, comme celui sur le sommeil. Le débriefe final permet d’ajuster la structure de l’initiative, afin d’améliorer les prochaines sessions. Ce sera le défi des travailleurs sociaux de la MSA qui piocheront dans les propositions des participants, afin de toujours mieux coller aux attentes des retraités.
En attendant, les nouvelles copines ont promis de se revoir à l’extérieur pour une balade, un repas ou bien un nouvel atelier MSA, comme PEP’s Eurêka. Une bonne idée pour ne pas oublier et bien appliquer les conseils de Temps d’envies.
Jérémy Lemière pour le BISMA du 7 décembre
http://www.lebimsa.fr/la-liste-de-leurs-envies/