DECLARATION des ONG CONFÉRENCE MINISTERIELLE UNECE (Commission économique de l’ONU pour la Région Europe) SUR LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
Pour info
Or gris a pointé le paragraphe sur la reconnaissance du potentiel des personnes âgées
DECLARATION ADOPTEE par le FORUM des ONG
CONFÉRENCE MINISTERIELLE UNECE (Commission économique de l’ONU pour la Région Europe) SUR LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
20-22 SEPTEMBRE 2017 LISBONNE Portugal
PREAMBULE
- Nous, ONG de l’UNECE avons participé à la 15ème réunion annuelle de suivi du « Plan d’Action International de Madrid sur le Vieillissement » (MIPAA) ainsi qu’à à la « stratégie de mise en place régionale » (RIS) de l’UNECE.
- A cette occasion, nous avons eu l’opportunité d’évoquer l’impact du MIPAA sur les personnes âgées de la zone de l’UNECE. Le MIPAA ne constitue certes pas un instrument de protection des droits de l’homme, mais nous sommes inquiets de constater qu’il n’est pas utilisé pour promouvoir l’ensemble des droits des personnes âgées dans les domaines civil, politique, social, culturel et économique.
- Bien que de nombreux pays de l’UNECE aient traversé une grave crise au cours des cinq dernières années, le Forum des ONG estime que le potentiel du MIPAA à initier des changements pouvant améliorer la situation des personnes âgées a été sous-utilisé jusqu’ici. Nous insistons, par ailleurs, sur le fait que les incertitudes financières ne peuvent pas justifier l’inaction.
- L’étude du Plan et de ses objectifs au-delà de 2017 doit avoir pour principal objectif d’intégrer l’ensemble des droits des personnes âgées dans la stratégie de mise en place régionale (RIS) au niveau de l’UNECE. Le renouvellement des engagements des Etats Membres de l’UNECE doit par ailleurs s’appuyer sur les dernières évolutions du Groupe de travail des Nations Unies sur le vieillissement de la population (OEWG) pour l’amélioration de la protection des droits des personnes âgées.
- Le Forum des ONG soutient la recommandation de l’Experte Indépendante des Nations Unies pour les personnes âgées, Mme Rosa Kornfeld-Matte, qui vise à mettre en place un instrument juridique, telle une convention internationale, pour traiter les problèmes spécifiques auxquels sont confrontées les personnes âgées dans la reconnaissance de leurs droits.il incite les Etats membres à profiter de la complémentarité des deux mécanismes pour assurer le respect des droits des personnes âgées.
- Nous demandons également aux Etats Membres de veiller à ce que la situation des personnes âgées soit considérée dans la perspective de la mise en œuvre des « Objectifs du Développement Durable » (SDGs) 2030 des Nations Unies et que le cycle de vie soit pris en compte dans tous les aspects du programme en incluant des procédures de suivi et d’évaluation.
- Nous souhaitons aussi que les Etats Membres appliquent les recommandations de la prochaine 56ème session de la « Commission pour le développement social » concernant la troisième étude d’évaluation du MIPAA (ndlr : tous les cinq ans)
Les recommandations du Forum des ONG
Afin de renforcer l’action du MIPAA pour la protection des personnes âgées, le Forum des ONG recommande aux Etats Membres
- D’engager des actions de suivi du rapport de synthèse sur la mise en oeuvre du MIPAA dans la zone UNECE entre 2012 et 2017 (note du secrétariat ECE/AC. 30/2017/3).
- De prendre des mesures fortes de sensibilisation face aux situations de négligence, de maltraitance et de violence, particulièrement à l’encontre des personnes âgées, des veuves et des personnes atteintes de démence et de mettre en place des services d’assistance pour traiter les situations de maltraitance.
- D’instituer des politiques de lutte contre toute forme de discrimination liée à l’âge, l’âgisme et les comportements négatifs à l’encontre des personnes âgées.
- De traiter, en distinguant les problématiques hommes/femmes, les défis spécifiques auxquels sont confrontées les personnes âgées quant à l’accès aux biens et aux services: revenu adapté pour vivre dignement, emploi encouragé par une formation tout au long de la vie, réseaux sociaux pour combattre la solitude et stimuler la socialisation, système de soins accessible dans le cadre de la couverture santé universelle comprenant prévention, traitement, réhabilitation et soins palliatifs.
- De mettre en place des indicateurs communs dans le cadre des objectifs MIPAA afin d’évaluer l’impact des mesures sociales sur les personnes âgées et de contrôler le véritable impact du cadre que propose le MIPAA sur leurs conditions de vie en démontrant la façon dont les mesures prises permettent de lutter contre l’âgisme et aident les personnes âgées à vivre dignement et à prendre une part active à la vie en société.
- D’adopter les recommandations de l’Experte Indépendante des Nations Unies pour les Droits des personnes âgées en vue de la création d’un instrument légal pour faire sauter les obstacles spécifiques que les personnes âgées doivent surmonter du point de vue du respect des droits humains
- De supprimer les barrières liés à l’âge et de faire entendre la voix des personnes âgées et de leurs organes représentatifs dans le suivi du MIPAA (grâce à plus de transparence et à de véritables mécanismes de consultation) dans le but d’optimiser les possibilités qu’offre cet outil de créer un consensus entre les différentes parties prenantes quant à la création d’une société inclusive et solidaire envers tous les âges, « ne laissant personne sur le bord du chemin ».
- De développer des politiques soutenant les actions de l’UNECE visant à promouvoir des stratégies actives pour la prise en charge des besoins sociaux et économiques des migrants et des réfugiés âgés.
- De renforcer les recherches sur le vieillissement et d’inciter tous les acteurs de la société, quel que soit leur âge, à relayer les résultats de ces recherches et les décisions prises sur la base de ces résultats en vue d’une société inclusive pour tous les âges de la vie.
La reconnaissance du potentiel des personnes âgées
Le Forum des ONG demande aux Etats Membres
- De reconnaître que les personnes âgées sont des acteurs essentiels de la société, l’économie nationale, leur famille et leur environnement et qu’elles n’ont pas nécessairement besoin d’être aidées.
- De consulter les personnes âgées et de les impliquer activement dans la mise en place de politiques et de stratégies les concernant en les faisant participer dès l’origine à tous les stades de prises de décision et d’application des mesures.
- De prendre en compte les opportunités liées à l’accroissement sensible du nombre de personnes de plus de 80 ans qui ont ou qui souhaitent toujours avoir une place active dans leur environnement, étant rappelé que la plupart des personnes âgées souhaitent continuer à vivre chez elles de manière indépendante.
- De lutter contre l’âgisme par le biais de campagnes de sensibilisation en contribuant notamment à la campagne de l’OMS contre l’âgisme. Les autorités doivent agir de concert avec la société civile pour mettre en place des programmes de formation de lutte contre l’âgisme et encourager des initiatives de la part de différentes professions, notamment la police, les agents de santé et les fonctionnaires de façon générale.
Des mesures en faveur de l’allongement de la vie professionnelle
- Combattre les stéréotypes et la discrimination liée à l’âge par le biais d’une législation ad hoc et en favorisant la diversité au sein des effectifs : prévoir pour ce faire un financement au niveau national de campagnes de sensibilisation sur la valeur ajoutée des seniors dans le milieu professionnel et la société de manière générale.
- Prévoir des objectifs d’emploi spécifiques pour intégrer les travailleurs âgés sur le marché du travail et les faire participer à des programmes de formation tout au long de leur vie professionnelle. Soutenir les programmes éducatifs mettant en avant le potentiel des seniors.
- Souligner l’importance des soins et services informels prodigués par les travailleurs âgés en reconnaissant des droits particuliers aux aidants et en prévoyant des clauses d’absence plus souples et des compensations pour prendre en compte leurs besoins , notamment en faveur des femmes.
- Assurer la protection des travailleurs de tout âge en mettant en place des normes adaptées, notamment des règles d’hygiène et de sécurité au travail tenant compte des risques sociaux et émotionnels liés au travail et renforcer la prévention et la santé au travail en adaptant les lieux de travail aux besoins d’employés plus âgés. Soutenir les initiatives visant à développer des solutions innovantes pour l’emploi des seniors.
- Respecter le droit au travail des seniors, y compris après l’âge normal de la retraite, dans la mesure où l’adaptation des conditions de travail et l’amélioration des conditions de santé les inciteront à travailler plus longtemps à l’avenir. Encourager les approches intergénérationnelles des activités professionnelles et la transmission des connaissances des seniors aux jeunes générations.
- Favoriser des transitions plus souples vers la retraite afin que les seniors puissent réduire leur temps de travail sans perte des droits acquis comme par exemple les pensions de retraite ou la couverture sociale ; prévoir des possibilités de combiner emploi à temps partiel et retraite à temps partiel.
Une vieillesse dans la dignité
- Garantir un niveau convenable de pensions de retraite et reconnaître le droit individuel à la retraite pour tous afin d’assurer une fin de vie dans la dignité, y compris pour les personnes ayant eu des ruptures professionnelles, notamment les femmes qui ont dû aider les membres de la famille tout en ayant une activité professionnelle.
- Appliquer l’égalité en ce qui concerne les rémunérations et l’évolution des carrières par le biais de mesures tenant compte par exemple des personnes s’étant occupées d’enfants ou de personnes âgées afin d’offrir aux femmes une compensation et une retraite suffisante à l’avenir.
- Mettre en place des mesures transitoires pour combler la différence inacceptable du montant des retraites entre hommes et femmes.
- Garantir un revenu minimum adapté pour les personnes âgées afin de lutter contre la pauvreté et éviter l’exclusion sociale, mettre en place des programmes de revenus minimaux comme par exemple des minima de retraites au nom des droits fondamentaux de dignité et d’indépendance.
- Soutenir le droit des personnes âgées à la dignité, au bien-être physique et mental, à la liberté et à la sécurité. Des règles doivent être mises en place et appliquées pour ce qui concerne la santé, les services sociaux et les soins de longue durée.
- Veiller avec la plus grande attention aux changements radicaux concernant les systèmes de soins et à l’implication des personnes âgées, eu égard à l’utilisation de plus en plus importante de technologies d’assistance et de robots dans la vie quotidienne. Veiller à ce que le recours à ces nouvelles technologies ne soit pas au détriment de la relation humaine. Impliquer les personnes âgées à tous les stades du développement de nouveaux services, produits et technologies, de la conceptualisation à la mise sur le marché en s’assurant de leur accessibilité.
- Appliquer les recommandations de l’Experte Indépendante des Nations Unies dans son Rapport sur « la digitalisation et l’utilisation de robots » et s’assurer que le recours aux technologies d’assistance correspond aux besoins et aux attentes des personnes âgées.
- Prendre des mesures pour la reconnaissance, la formation et la rémunération des aidants afin d’assurer à ces personnes ainsi qu’aux personnes qu’elles assistent une vie dans la dignité.
- Renforcer la participation des personnes âgées aux essais cliniques de médicaments et soutenir la recherche et la pharmacovigilance pour une meilleure information sur l’utilisation et l’impact des médicaments.
- Aider et informer les personnes âgées, notamment les personnes vulnérables qui ne sont pas en mesure de faire valoir leurs droits : les personnes très âgées, les personnes âgées handicapées et /ou isolées, les réfugiés et migrants âgés. Leur donner les moyens de s’impliquer activement dans leur environnement et dans la société dans son ensemble.
- Garantir aux personnes âgées l’égalité dans l’accès à des services et des ressources adaptés lors de catastrophes naturelles et autres situations d’urgence humanitaire selon les recommandations de l’OMS et du programme ADCAP (« Programme Compétence Age et Handicap »)
- Reconnaître l’importance des liens intergénérationnels en favorisant des mesures en faveur de la coopération entre les générations.
- Favoriser la coopération avec les personnes âgées et la société civile dans le respect des engagements de cette Conférence Ministérielle, prévoir des réunions au niveau national avec les personnes âgées et les représentants de la société civile afin de mener à bien ces engagements et présenter publiquement au niveau régional et national l’aboutissement de ces actions.
FIN
Traduction de l’anglais proposée par la Coordination AGE France avec le concours de Mme Françoise Rozanoff (ARAF, Association des retraités de AIR France)– Novembre 2017