En Creuse, cette éleveuse de chèvres de 72 ans cherche un repreneur-23-
Après 50 ans dans l’élevage, Françoise Augras souhaiterait transmettre ses chèvres et son labo de fromages à des jeunes à Tercillat (Creuse). Elle lance une bouteille à la mer en revenant sur une carrière bien remplie.
A 72 ans, l’heure est venue pour Françoise de raccrocher les bottes. De retour de son marché à Châtelus-Malvaleix (Creuse), elle nous explique qu’elle cherche des jeunes pour prendre la relève depuis cinq ans.
« J’ai eu des coups de fil mais dès qu’ils apprenaient que c’était dans la Creuse, ça ne les intéressait plus alors que c’est écrit dans l’annonce », s’étonne l’éleveuse avec un bel accent marchois.
Pourtant, elle a vécu à Paris et ne regrette pour rien au monde son choix de s’installer ici en 1969, fière de ses origines paysannes. « Certains en ont honte, surtout pas moi ! Je suis de souche paysanne et je n’ai pas peur de le dire. »
En attendant de trouver un successeur, elle fait des heures sup' sans rechigner. Bien sûr, Françoise le sait, les jeunes qui s’installeront n’auront pas le même rythme de vie qu’elle. Elle n’en demande pas autant, elle propose juste de les accompagner pour une transition en douceur. « Moi, ça m’aurait rassurée d’avoir quelqu’un à mes côtés quand je me suis installée. »
En effet, Françoise ne s’est jamais découragée. D’une toute petite ferme, elle en a construit une exploitation viable et solide de 21 hectares. Morceau par morceau. Parcelle par parcelle. Pierre après pierre. Puisqu’elle a créé un laboratoire pour réaliser ses propres fromages.
Des fromages qu’elles préparent le soir, après avoir trait ses chèvres car elle est en monotraite. « J’ai appris à faire des fromages quand j’étais haute comme ça, avec mes parents, s’exclame l’éleveuse qui joint les gestes à la parole. J’avais déjà deux chèvres étant petite ! »
Aujourd’hui, l’agricultrice en a gardé 50 seulement et en vit bien mais elle en a eu jusqu’à 150. Avec des brebis, des lapins, des pommes et des poules. Bien sûr, Françoise ne comptait pas ses heures passées à la ferme, jusqu’à 18 heures par jour, quand elle avait autant d’animaux. Une vraie acharnée.
Elle demande juste aux sucqui pourraient se manifester de prendre soin de ses alpines et de ses saanen : de Germaine, de Tarzan et Nicolas, les deux boucs très câlins. « Il n’est pas gentil mon Nicolas ? »
« Regardez-moi ça, les vilaines, elles m’ont fait tomber tout le foin par terre ! » L’éleveuse en profite pour leur redonner de quoi se rassasier car « une chèvre mange toute la journée. »
Françoise adore parler à ses chèvres. Et aux hommes aussi ! Bien avant la mode des visites à la ferme, elle avait déjà ouvert la sienne. « Dès le début, j’ai voulu montrer comment je travaillais. Je me souviens d’un bouc tellement gentil que les gamins venaient tous le caresser, grimper dessus et faire des photos. C’était un amour de biquette ! »
Toujours est-il qu’en presque 50 ans de carrière et après bien plus d’un million de fromages produits, son enthousiasme est toujours intact. Un appétit pour le métier qu’elle arrivera peut-être bien à transmettre…
Virginie Mayet ; Publié dans La Montage le 28 août 2017
Contact. Françoise Augras, Tercillat : 05.55.80.67.62, la joindre de préférence vers 21 heures.