Ça bouge dans les Marpa
Les lauréats du prix innovation, lancé par la Fédération nationale des Marpa (maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie) et la CCMSA, ont reçu leurs trophées le 27 octobre dernier. But de l’opération : soutenir des actions innovantes qui favorisent le bien-être des résidents et le partage. Les gagnants ont reçu une aide allant de 10 000€ à 20 000€. Retour sur ces cinq projets aussi créatifs qu’ambitieux.
voilà les maîtres mots qui unissent nos cinq innovateurs. Le 1er prix revient à la Marpa Les Tilleuls de Baigneux-les-Juifs, en Côte-d’Or, pour son projet « Musique, lien de mémoire, lien de vie ». L’équipe organisera des concerts classiques, une chorale et un atelier d’éveil à la musique. Le karaoké a rencontré un certain succès grâce à la borne musicale « mélo », sorte de jukebox adaptée aux personnes âgées. Des ateliers tango seront également animés par des professionnels pour stimuler la posture et l’équilibre. Comme le rappelle la responsable, Sophie Diaw, dans la Lettre des Marpa de septembre, « l’objectif, en travaillant sur le corps en mouvement et la stimulation par la musique, est d’étudier son impact sur l’autonomie et la motricité. Nous collaborons à un programme de recherche encadré par des neurologues et kinésithérapeutes, tout en ayant une action concrète auprès des résidents qui participent. » Le tout est accessible à chaque personne âgée du territoire ainsi qu’aux familles. « Cela permet un accès à la culture, une préservation cognitive et sociale, et surtout du plaisir autour de la musique ! », ajoute Sophie Diaw.
Ludiques, adaptés, intergénérationnels
S’amuser tout en stimulant le cerveau, c’est également l’idée des quatre Marpa occitanes d’Auriac-sur-Vendinelle, Aurignac, Saint-Plancard et Bourg-de-Bigorre, lauréates du 2e prix. Le support utilisé ici est multimédia grâce à Mémoire RED (pour Regarder, Ecouter, Deviner), outil de stimulation cognitive proposant des quiz et des jeux visuels qui font appel à la mémoire et favorisent l’entraide. Une étude sera menée pour l’adapter au plus près des besoins des résidents, en vue de sa modélisation au sein du réseau. « Nos pensionnaires se sont montrés très intéressés, heureux qu’on les choisisse et que cela puisse servir à d’autres, assure Valérie Therond, responsable de la Marpa Cap Soulé à Saint-Plancard. Ils se sentent investis d’une responsabilité et sont impatients de commencer. Ce genre de projet créé des liens, ça change la vie collective car même si ils vivent toute l’année ensemble, ils ne se parlent pas forcément. Cela met également en avant leurs capacités et non celles qu’ils peuvent avoir perdu. »
À Sentheim, dans le Haut-Rhin, connu pour son site géologique, la Marpa de la Doller a choisi de se rapprocher de la nature. Son projet de sentier de promenade pédagogique, qui a reçu le 2e prix ex-aequo, présente de nombreux atouts. En partenariat avec la communauté de communes, l’association la Maison de la Terre et le chantier d’insertion Les jardins d’Icare, il sera accessible à tous, orienté sur la géologie et la botanique avec une stimulation des sens. Harmony Buch, responsable, imagine déjà un partenariat avec le lycée agricole pour entretenir le sentier et un futur potager : « les perspectives sont nombreuses. Ce projet bénéficiera aux résidents et à toute la population ! »
C’est le Doubs qui remporte la mise pour les deux derniers prix. À la 3e place, la Marpa Les clarines de Bellevue à Pierrefontaine-les-Varans et ses projets « Cyber Marpa » et « À tout âge ». Sur le modèle des cybercafés, des tablettes numériques sont à disposition des résidents pour communiquer, grâce à une webcam, avec leur famille, accéder à une bibliothèque numérique ou stimuler leur mémoire avec l’application Stim’art ; ils ont également participé à un recueil de témoignages et de photographie de résidents de Franche-Comté sorti le 17 novembre et dont la vente bénéficiera à l’association OncoDoubs.
Dernière étape avec le prix spécial du jury pour Ecole-Valentin et Arc-et-Senans et leur projet de sensibilisation à la préservation des oiseaux, en partenariat avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et les écoles et centres périscolaires avoisinants. Objectif : labelliser ces deux jeunes Marpa éco-construites sur des sites naturels protégés en refuges LPO, grâce à des aménagements favorisant la biodiversité et l’observation. Des ateliers découverte et fabrication de mangeoires ont notamment eu lieu avec des enfants. Car oui, vieillir n’est pas synonyme de renoncement.
Marie Molinario
Publié dans le BISMA de décembre 2016