Des médecins retraités en renfort aux urgences de l’hôpital de Sens - 86
Depuis avril 2015, le centre hospitalier de Sens vit une expérience rare dans le secteur de la santé : l'intervention au sein du service des urgences de quatre médecins généralistes à la retraite. Ils ont entre 30 et 40 ans de carrière derrière eux. Ont une expérience de la vie, de la mort et de la souffrance dont profitent aujourd'hui l'établissement sénonais et ses patients.
La démarche est portée depuis un an et demi par quatre généralistes connus de la population sénonaise : les docteurs Commun (Saint-Valérien), Grandemange (Paron), Maillard et Fort (Sens). À la retraite et ayant fermé leur cabinet à la ville ou à la campagne depuis plusieurs années, ils ont eu envie de prolonger, un peu, leur vie professionnelle en prêtant main-forte aux urgentistes sénonais. Et ce, à raison de quatre demi-journées par semaine, les lundis et vendredis. Deux jours de forts trafics, aux entrées et sorties du week-end, pendant lesquels le service des urgences est souvent saturé de demandes de soins assez éloignées de sa mission première. Ce qu'on appelle dans le jargon médical, la bobologie : poussée de fièvre, toux sèche, rage de dent, entorses, plaies, bobos de la cour d'école, etc. C'est là qu'interviennent les médecins généralistes.
« On prend en charge les patients comme nous le faisions dans nos cabinets, mais entourés d'une équipe. Et en bénéficiant d'un plateau technique moderne, explique le docteur Fort. On forme ce qu'on appelle le service court des urgences. Pendant qu'on ausculte de 15 à 25 patients en une demi-journée, on libère un urgentiste de plus pour intervenir à l'extérieur. En revanche, quand la pathologie dépasse notre champ de compétence (douleur digestive, blocage urinaire, accidentologie de la route, etc), nous redirigeons le malade vers le service long. » Seules les pathologies relevant directement des services de gynécologie et de pédiatrie ne sont pas prises en charge par cette organisation.
Salariés vacataires
Le bénéfice de cette nouvelle offre de soins est triple. Le patient y trouve son compte, à travers une prise en charge dont les délais dépasseront rarement plus de deux heures, s'il présente une pathologie sans véritable caractère d'urgence.
L'établissement, outre le renfort régulier de ses équipes, profite à plein de la transmission du savoir des médecins généralistes à ses jeunes internes. Et les principaux intéressés gardent un pied à l'étrier, libérés des contraintes administratives de leurs anciens cabinets libéraux. « On rend service à la population, modestement mais efficacement. Car faute de médecin traitant, certains malades n'ont pas d'autres choix que de se tourner vers l'hôpital et ses urgences, relève le docteur Fort. Mais aussi à l'hôpital par un échange d'expérience et de compétences riche. »
Sur le plan juridique, les médecins généralistes ont le statut de salarié vacataire. Le contrat qui les lie au centre hospitalier de Sens est validé par le conseil de l'Ordre des médecins.
Franck Morales, franck.morales@centrefrance.com
Repères : Des retraités actifs. A 2015, d'après l'atlas démographique de l'Ordre des médecins, près de 15000 praticiens (tous mode d'exercice confondus) poursuivaient une activité professionnelle, en France, après avoir fait valoir leurs droits à la retraite? 9992 médecin de ville exerçaient en cumulant leur retraite avec une activité professionnelle, soit les deux tiers de ceux qui ont opté pour ce dispositif lancé en 2003 afin de contrer la désertification médicale.
sur ce sujet, allez voir l'info Or Gris sur "les transmetteurs", salariés bénévoles :