Bertrand Schwartz, au delà des missions locales, un projet pour les personnes âgées

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires

Bertrand Schwartz nous a quitté cet été, il avait élaboré un projet sur les personnes âgées…

Or Gris vous l'avait signalé en juillet : http://www.or-gris.org/2016/08/bertrand-schwartz-est-parti-un-grand-monsieur-nous-a-quitte.html

Le 28 septembre un bel hommage lui a été à l'initiative de l'Institut à Bertrand Schwartz (1) et l'UNMLR(2), qui a réuni plus de 300 personnes. Cet événement peut être consulté avec les premières photos, l'entretien entre les jeunes, Bertrand Schwartz et Gérard Sarazin et le dossier des participants reprenant la biographie de tous les intervenants. C'était aussi les textes d’hommages, de témoignages, de réflexions et d’actions mises en place qui ont été inspirées de la démarche de Bertrand Schwartz.
Et voilà que Gérard Sarrazin a remis la main sur une note de travail de Bertrand Schwartz, rédigée suite à une discussion dans le train, au retour d’une visite sur le terrain entre 1984 et 1986. Une note à remettre dans son contexte, rédigée il y a une vingtaine d'années,  mais qui donne déjà des éléments de constat pertinents et lance l'idée d'un projet dont on pourrait s'inspirer pour les principes…Il en parle dans l'interview avec Gérard Sarazin projeté lors de l'hommage.
(1) Institut Bertrand Schwartz : http://www.institutbertrandschwartz.org/

(2) Union Nationale des Missions Locales : http://www.unml.info/

Un retour complet sur les temps forts du 28 septembre est en ligne sur les site de l'UNMLR. :  http://www.unml.info/actualites/actualites-partenaires/20162/retour-en-bref-sur-lhommage-a-bertrand-schwartz.html

UN PROJET POUR LES PERSONNES AGEES (Bertrand Schwartz 1984/86)

Elles font souvent –toujours- partie des exclus qui ont eu une place et qui n'en ont plus et le vivent très souvent très mal.

Beaucoup d'entre elles perdent la vie parce qu'elles perdent l'envie de vivre, envie qu'elles perdent souvent d'autant plus vite qu'elles se sentent inutiles.

Reprenant pour elles les différents aspects de l'exclusion, elles les vivent toutes :

  • incompréhension de ce qu'on leur impose,
  • difficultés, incapacité à s'y retrouver dans les dédales des règles administratives et souvent même à remplir les documents qu'on leur demande, pour obtenir ceci ou cela,
  • difficultés de savoir à qui s'adresser et ce, d'autant plus que leurs problèmes sont le plus souvent globaux. Par quel aspect commencer ?
  • sentiment que tout se joue en dehors d'elles et ce, d'autant plus, qu'on fait à leur place.

Certes, il existe des institutions, des commissions, des offices, organisés par les collectivités  pour tenter de résoudre ces problèmes et ils marchent souvent bien, aussi bien au plan de l'accueil que de la concertation. Mais je ne crois pas me tromper en disant que les accueillants et les acteurs de la concertation en vue de résoudre les problèmes, restent plus ou moins municipaux, sociaux (logement, aide sociale, santé).

Or, il y en a d'autres qui pourraient être fort utiles. La logique est celle de l'aide, non du désisolement et encore moins de la remise dans la dynamique de l'environnement. Et c'est là qu'on retrouve les principes politiques de l'insertion.

Connaître chaque personne, mettre un nom sur chaque visage. La place qu'a occupée la personne âgée, son passé, la manière dont elle a perdu cette place, la façon dont elle le ressent, jouent un rôle considérable dans son maintien en insertion.

C'est donc un "travail" à faire avec elle, qui va bien au-delà d'un simple accueil. Certes, il faut un guichet unique, des accueillants mobiles. Mais la nature de l'accueil et du suivi sont essentiels à la réussite de l'insertion.

D'où la nécessité d'une démarche locale, à l'image des missions locales pour jeunes dont le fondement, parce que les objectifs étaient les mêmes, aux mots près.

Et se pose ensuite le problème du désisolement et de la mise en situation d'être utile.

Si l'insertion des jeunes pour faire leur place passe par le besoin d'apprendre des savoirs et savoir faire, ne doit-on pas dire que l'insertion des personnes âgées passe, pour garder leur place, par le besoin de transmettre leurs savoirs, savoir faire et expériences et ce, à tous les niveaux. (rappelons-nous la fameuse déclaration de l'ouvrier de Longwy).

Tels seraient les rôles, liés entre eux, de ces missions locales ;

. aider les personnes âgées à comprendre, à se situer,

. les désisoler, c'est le fond même de l'insertion,

. leur proposer des activités utiles, de participer à l'avenir des autres pour leur 
  rendre goût à la vie et mieux assumer leur propre avenir.

L'avenir des autres ?

Des jeunes d'abord. Partout où il y a, où il y aurait des missions locales jeunes, la liaison entre les deux serait capitale. Sur le plan éducatif et culturel et je mets dans "éducatif", tout l'aspect professionnel.

Les personnes âgées venant dans des bibliothèques, y compris bien sur celles des écoles et lycées, y trouveraient des lectures mais pourraient aider énormément les jeunes à trouver les leurs.

Les anciens professionnels, des artisans ou d'anciens ouvriers, pourraient participer à la formation de jeunes –et d'ailleurs d'autres personnes âgées- à développer leurs capacités nouvelles et techniques ; leurs capacités de bricolage au sens positif du terme.

Un développement culturel pour tous fait appel à tous, y compris aux personnes âgées. Le développement local ne peut se passer de préretraités et retraités. Et les exemples sont multiples de cas où tout ce qui est la vie a besoin des personnes âgées et leur redonnera vie.

Alors, comment faire ?

Là où il y a des offices, les transformer :

et dans leur logique, et dans leur organisation, en y incluant à la fois dans l'équipe permanente et dans le conseil d'administration, des personnes extérieures (des professionnels, des éducateurs, des professeurs ou formateur de Greta, des agents des associations culturelles, des artisans, des jeunes, des responsables des CCI et Chambres des Métiers, des FJT, des responsables de l'habitat et pas seulement du logement…)
 

Et comment et par qui faire payer ?

Les offices vivent. Les travailleurs sociaux sont nombreux, en prélever quelques uns de plus pour développer ces offices dans les logiques précédentes est chose possible.

Un mince budget de fonctionnement de 100 à 200 000F par mission locale, serait un maximum.

La participation de l'Etat, même si elle est faible, me paraît indispensable, car il faut un label correspondant à des garanties, en particulier pour établir certaines règles –comme par exemple d'éviter de développer le travail au noir- exiger des évaluations et diffuser les résultats.

Cela dit, c'est un problème social et politique considérable ;

Social  : le nombre de personnes âgées augmente régulièrement, leur sort devient de plus en plus pénible.

Politique : . montrer qu'on ne s'occupe pas seulement des retraites et des aides.

                . éviter d'augmenter le nombre des exclus

Bertrand Schwartz, au delà des missions locales, un projet pour les personnes âgées
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article