Les seniors, une génération connectée
« Les 50-75 ans ne sont pas du tout une génération égoïste, qui profite de son argent pour se faire plaisir. Elle est extrêmement solidaire avec les générations qui l’entourent, constate Flavien Neuvy, responsable de l’observatoire Cetelem. C’est une génération qui se retrouve souvent avec un ou deux parents dans le grand âge. Donc avec des questions de dépendance et des conséquences financières importantes, comme dans le cas d’un placement en maison de retraite. » Trente-neuf pour cent des seniors en Europe déclarent ainsi aider un ascendant. Cette aide concerne en premier lieu les dépenses courantes et l’achat de nouveaux équipements, souligne l’étude.
Mais les seniors s’occupent aussi de leurs enfants, voire de leurs petits-enfants : 32 % des Européens de plus de 50 ans déclarent héberger encore un enfant chez eux et 78 % disent aider financièrement, de manière régulière ou occasionnelle, leurs descendants. « Cela peut être pour avancer les frais de notaire pour un achat immobilier, être caution pour un logement, ou un apport personnel pour l’achat d’une voiture, avance M. Neuvy. C’est une génération qui est un peu prise en étau et qui dépense beaucoup pour les autres. »
Les résultats sont un peu plus marqués dans les pays du sud de l’Europe, en Espagne ou au Portugal, où l’aide intergénérationnelle a permis d’amortir les cinq années de crise. « Quand les parents et les grands-parents aident financièrement, cela contribue à la consommation des ménages », précise M. Neuvy.
La solidarité des seniors se ressent sur leur pouvoir d’achat : 80 % de ceux qui ont renoncé à partir ou ont reporté un voyage mettent en avant des motifs financiers, seulement 18 % l’expliquent par des problèmes de santé. Même si 40 % des seniors déclarent être partis en vacances ou en week-end au moins trois fois au cours des douze derniers mois.
Autre élément saillant de l’étude : les seniors sont plus connectés que leurs cadets. Ils passent vingt-sept heures par semaine devant leurs écrans (Internet et télévision), soit 20 % de plus que les moins de 50 ans, contre 6 h 30 consacrées aux activités à domicile comme le jardinage, le bricolage, la lecture. Les plus de 50 ans sont connectés à Internet en moyenne 13 h 15 par semaine (une heure de plus que leurs cadets), soit près de deux heures par jour. « Les jeunes poussent leurs parents et grands-parents à être connectés, notamment pour partager des photos », constate M. Neuvy.
De même, les aînés ne sont pas en reste quand il s’agit d’utiliser Facebook ou Twitter. En France, plus d’un sexagénaire sur quatre est membre d’un réseau social, soit deux fois plus qu’il y a cinq ans, relève l’étude Cetelem. « Dans le cas de la France, cela répond à une nécessité de garder le contact, car la mobilité géographique, que ce soit pour des contraintes d’emploi ou d’études supérieures, est de plus en plus forte », analyse M. Neuvy.
A l’inverse, les seniors sont encore réticents à acheter sur le Web. Pour eux, il s’agit davantage d’une source d’informations pour préparer leurs achats (consultation des avis, utilisation des comparateurs de prix). Plus d’un senior sur deux préfère encore effectuer ses emplettes dans les magasins : 65 % d’entre eux le justifient par le besoin de toucher les produits, 41 % pour le plaisir de sortir.
Au total, 26 % des seniors n’achètent pas en ligne, car ils n’ont pas confiance dans les moyens de paiement. Sur Internet, les plus de 50 ans recherchent surtout des informations sur « les sujets liés à la santé et à la beauté ». Mais « ils affichent aussi un goût prononcé pour les jeux en ligne », relève l’étude.
LE MONDE ECONOMIE du 02.02.2016, par Cécile Prudhomme, Journaliste au Monde
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