Mourir à domicile, un souhait rarement exaucé en France
80% des décès (dans un échantillon de 15 000 personnes décédées à plus de 18 ans) surviennent de façon non soudaine, à la suite d’un parcours résidentiel et médical. Parmi ces morts non soudaines, quatre semaines avant le décès, vivre à domicile est la situation la plus fréquente (elle concerne 45% des personnes, 52% des hommes et 39% des femmes), en particulier pour les plus jeunes (60% des moins de 70 ans vivent à domicile, contre 30% des plus de 90 ans). Les autres situations sont l’hébergement en maison de retraite (pour 24%) et l’hospitalisation (pour 29%).
Plus la date de la mort approche, plus on observe d’hospitalisations : et pour finir, 7 hommes sur 10 et 6 femmes sur 10 décèdent à l’hôpital, quel que soit leur âge. Différents parcours expliquent cette différence entre le lieu de vie quelques semaines avant la mort, et celui de la mort. Le passage du domicile à l’hôpital est le parcours le plus fréquent (30% des cas).
Ce sont les pathologies qui font varier les parcours : troubles mentaux et maladies infectieuses sont rarement prises en charge à domicile, de même que maladies respiratoires ou de l’appareil digestif. En revanche, en cas de maladies cardio-vasculaires, le décès à domicile est presque aussi fréquent qu’après transfert à l’hôpital. L’espoir d’une guérison ou d’une amélioration explique le passage à l’hôpital, ainsi que la difficulté des aidants à gérer des situations de fin de vie à domicile. Ce qui montre donc un défaut d’anticipation des complications et des modalités de leur prise en charge. La famille souhaite d’ailleurs dans 55% des cas que les personnes en fin de vie soient prises en charge à l’hôpital, et dans 31% des cas en maison de retraite.
L’entourage familial est fortement mobilisé en fin de vie. Cependant, familles et amis sont plus fréquemment présents au moment du décès si celui-ci survient à domicile : ils sont présents, sans assistance de soignants dans 44% des cas à domicile (26% des cas à l’hôpital), et assistés de soignants dans 26% des cas à domicile (contre 7% en hôpital). Un décès sur deux survient seulement en présence de soignants à l’hôpital, contre 5% à domicile. Mais 21% des personnes meurent seules à domicile, contre 7% à l’hôpital.
Fabienne Rigal
Publié le 06/07/2015 dans Age Village
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